Rien de moins qu'un "guide de survie pour l'humanité", selon Antonio Guterres. Le secrétaire général des Nations unies réagissait hier à la publication d'un rapport du GIEC, une synthèse de son sixième cycle d'évaluation, initié en 2015.
"Le rapport de synthèse résume les rapports des trois groupes de travail qui ont été publiés ces dernières années : celui sur le système climatique, celui sur les impacts et l'adaptation, et celui sur les mesures envisageables", explique Gerhard Krinner, l'un des auteurs du texte conclusif publié hier par le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC).
Créé en 1988 sous l'égide de l'ONU, ce groupement d'experts internationaux regroupe à ce jour 195 Etats. "Il est très court. Imprimé, il fera 30, 40 ou 50 pages, et il sera la base des négociations internationales futures jusqu'au prochain rapport de synthèse", précise le glaciologue. Les trois volets du sixième cycle d'évaluation ont été publiés en 2021 et 2022. "Tous les Etats sont invités à approuver mot par mot, phrase par phrase, le ‘résumé à l'intention des décideurs'", qui ponctue chaque rapport d'évaluation et qui hier, donc, a conclu le sixième.
Les chiffres sont alarmants. Près de la moitié de l'humanité vivrait en "contextes hautement vulnérables au changement climatique", selon la synthèse. "Le message principal, c'est que le changement climatique se passe comme prévu depuis longtemps, et il a continué ces dernières années. L'action pour enrayer le changement climatique a commencé, mais on n'en fait pas assez", alerte Gerhard Krinner. "Il y a des facteurs naturels qui agissent sur le climat à court terme, mais sur le long terme, sur un siècle, l'homme a entièrement causé le réchauffement climatique observé". A la lecture de la synthèse, on apprend que, depuis 2013, la température globale moyenne a augmenté de 1,1 degrés par rapport à la période 1850-1900.
Sur le long terme, sur un siècle, l'homme a entièrement causé le réchauffement climatique observé
Le GIEC indique que le niveau de la mer a augmenté de 20 centimètres depuis 1900, soit plus qu'en 3 000 ans. "Si vous avez un réchauffement moyen global de 2 degrés sur des décennies, sur des siècles, vous pouvez avoir des effets déjà irréversibles sur les calottes de glace", développe le glaciologue, directeur de recherche à l'Institut des Géosciences de l'Environnement du CNRS. "C'est-à-dire une perte continue de masse et des calottes de glace, et donc une augmentation du niveau de la mer qui continuera."
En 2015, l'accord de Paris sur le climat, signé par près de 200 pays, visait le maintien du réchauffement sous les 1,5 degrés par rapport à l'ère pré-industrielle. "Il est extrêmement difficile à respecter pour ce qui concerne les 1,5 degrés. Si on continue avec les émissions de gaz à effet de serre de 2019 pendant toute la décennie de 2020 à 2030, on aura atteint ce niveau de 1,5 degrés, décrypte Gerhard Krinner, parce qu'il faut savoir que le niveau de température qu'on atteint est complètement lié à la quantité totale de CO₂ qu'on aura émis."
Entre autres préconisations, le GIEC invite les gouvernants à une "réduction substantielle" du recours aux combustibles fossiles.
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