Depuis ce jeudi, 10 h, seuls les tracteurs circulent au niveau du péage de Chignin. Venus de la Savoie et de la Haute-Savoie près de 200 agriculteurs ont déployé leurs banderoles sur l’A43, pour alerter un pays qui fait la sourde oreille.
Sur l'autoroute déserte, certains accrochent des banderoles, d’autres partagent un verre de vin. Au fil des discussions, un sujet revient sans cesse : l’Europe.
“Aujourd’hui nous, on nous met des normes, on nous met des cahiers des charges” commence Alexandre Tassion, éleveur à Beaufort et secrétaire général des Jeunes Agriculteurs de Savoie. “Nous, on n'a pas le droit de nourrir à l’OGM (...), on a des produits phytosanitaires avec lesquels on n'a pas le droit de traiter. Le monde agricole le comprend très bien. Mais si le monde agricole le comprend, faut pas faire rentrer d’ailleurs des produits avec des phytosanitaires !”
Dans le cortège, on plaide donc pour un allègement des normes en vigueur ou bien une application équitable dans tous les pays européens, notamment l'Ukraine qui n'a pas rejoint l'UE, pour ne pas pénaliser le Made In France.
Outre les normes, la maigre rémunération des agriculteurs (environ 0,50€ par litre de lait, en agriculture laitière conventionnée, par exemple) pousse également certains jeunes à renoncer à leur installation. Kévin Sorrenzo ne fait pas partie de ceux-là, dans l’année, il reprendra une exploitation près de Thonon-les-Bains. “Est-ce que je suis fou de m’installer ? Peut-être” dit-il avec le sourire, même s’il avoue aussi “avoir peur”. Un état d’esprit qu’il a affiché sur son tracteur flanqué d’une banderole : “l’agriculture, enfant, on en rêve, adulte, on en crève.”
La FDSEA et JA demandent d’ailleurs une aide d’urgence pour les secteurs en crise comme le bio et la viticulture. Ils exigent également le “respect absolu des lois Egalim” supposées garantir le partage de la valeur entre les acteurs de la chaîne alimentaire, en France.
Trois fois dans votre journée, vous avez besoin d'un agriculteur
À ces demandes, s’ajoute aussi une baisse espérée des taxes sur le GNR. En tout, la liste dressée par les deux principaux syndicats du secteur compte 24 points. “C’est beaucoup et on n'aura pas tout, tout de suite” souffle un agriculteur sur le péage de Chignin, avant d’ajouter “mais on veut de vraies premières annonces”.
Sans cela, le blocage, qui devrait être levé vendredi soir, pourrait être maintenu ou de nouvelles opérations mises sur pied. D’autant que les professionnels peuvent compter sur le soutien des consommateurs. “J’ai mis un mot pour dire que je serai fermée aujourd’hui” raconte Lucille Barra, céréalière et boulangère. “Les clients étaient avec nous à 200 %”.
Même sur le réseau secondaire, pourtant complètement saturé, les automobilistes n’hésitent pas à montrer leur soutien d’un coup de klaxon ou d’un geste de main, en passant à proximité du péage.
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