Du 5 au 12 février, la ville de Prague accueillait l'assemblée continentale du Synode des évêques sur la synodalité. Environ 200 délégués synodaux se sont retrouvés dans la capitale de la République Tchèque. 270 autres y ont participé par visioconférence. Sur la table, la question sensible de la gouvernance de l’Église, la liturgie ou encore la place des femmes.
Ce sont plus de 200 délégués synodaux des diocèses de pays européens qui se sont réunis à Prague pour l'étape continentale du synode sur la synodalité, lancé par le pape François en 2021.
Après une première phase de réflexion dans les diocèses de chaque pays, les discussions se sont poursuivies à l’échelle continentale. L’Europe, l'Océanie, l’Asie, le Moyen-Orient ou encore l'Amérique latine ont échangé sur différents points comme la gouvernance de l'Église, la place des femmes et des laïcs ou encore la liturgie.
Anne Ferrand, laïque en mission et déléguée au diocèse continental ainsi que Lucie Lafleur, laïque chargée d’accompagner et de coordonner le processus synodal en France, étaient toutes les deux présentes à Prague. Accompagnées de deux autres Français, elles témoignent de l’expérience unique et nouvelle qu’elles ont vécue dans ce synode. "Les journées sont rythmées par des temps en petits groupes où les délégations étaient entendues pendant six minutes et racontaient l’expérience dans leur Églises respectives, les points de convergences mais aussi les points de tensions" explique Lucie Lafleur. La délégation française a évidemment pris la parole, en écho à tous les diocèses. "On a parlé de la réalité française, ce qui la marque comme les abus dans l’Église. Il y a un vrai travail de vérité qui se fait et un travail qui se fait tous ensemble" témoigne Anne Ferrand. "L'Église a été blessée mais elle a aussi blessé. Elle est belle mais on sait les différentes catastrophes qu’elle a pu permettre", ajoute Isabelle Morel.
Les deux déléguées insistent sur le panel large du synode, avec des pays de l’Europe de l’Est comme la Russie et l’Ukraine, qui se sont associés et ont discuté ensemble autour d'une thématique semblable. Le premier temps de parole consistait à échanger sur les réalités ecclésiales puis les différents intervenants ont partagé les divergences entre les peuples, et ont cherché un consensus qui sortait de ces échanges.
"Le secrétariat général du synode veut inclure toute l’Église et toute la diversité du peuple de Dieu dans une démarche œcuménique" déclare sœur Nathalie Becquart, sous-secrétaire du synode à Rome. Elle a pu assister à plusieurs assemblées synodales dont celle du Moyen-Orient, qui se tenait au Liban et qui vient de s’achever. Elle a également pu rencontrer d’autres peuples de l'Église qui portent l’enjeu du christianisme dans des régions à majorité musulmanes. "Orthodoxes, protestants et catholiques étaient tous ensemble pour échanger" insiste-t-elle. Il y a un réel enjeu de réunir les communautés chrétiennes peu importe leurs cultures, afin de réfléchir ensemble aux objectifs communs comme l'instauration d'une date unique pour la fête de Pâques.
Lucie Lafleur a été marquée par l’expérience spirituelle vécue lors de cet événement. "C’était une très belle expérience, la liturgie nous faisait parler un même langage malgré la diversité de nos langues" exprime-t-elle. Malgré le passé communiste en Europe de l'Est qui se faisait parfois ressentir lors des échanges, c’est le partage de l’amour du Christ qui ressort de cette assemblée à Prague.
"Nous sommes dans des milieux culturels très différents où les avis divergent" déclare Isabelle Morel. Par exemple, l’Église occidentale est marquée par le protestantisme, la place des laïcs et des femmes est différente selon les pays, et on remarque plus d’avancées en Europe de l’Est, notamment en Allemagne qui travaille sur la compétence de gouvernance. Les pays de l’Est, eux, sont plutôt marqués par la peur de perdre leur identité et les valeurs initiales de l'Église, les pays occidentaux voient quant à eux les changements comme une évidence. Malgré ces divergences, le synode a opté pour la volonté d’avancer ensemble et se concentrer à écouter les autres sans forcément les convaincre à penser la même chose.
Alexis, un auditeur de l’émission, évoque l’importance de la formation biblique : "Tout chrétien a un devoir d’auto-formation !". Isabelle Morel confirme que le sujet de la formation biblique est revenu lors du synode et appelle chaque baptisé à prendre conscience de sa foi et à se former. Des discussions ont aussi eu lieu sur la volonté de se former sur la synodalité qui s’apprend par l’expérience et non par la formation. Autre point évoqué : la migration, qui prend davantage de place au sein de nos sociétés et la nécessité absolue pour l'Église de s’adapter à ces changements. De plus, les chrétiens qui vivent en Orient, sont de moins en moins nombreux car ils partent vivre ailleurs. "On ne peut plus penser l’Église sans la dimension de l’accueil, ce sont ceux qui viennent d’ailleurs qui la revitalisent" explique sœur Nathalie Becquart.
La place des femmes dans l'Église a beaucoup été discutée et des avancées ont été envisagées. Nathalie Becquart fait désormais partie des rares femmes présentes au secrétariat du synode des évêques à Rome. Le pape a d’ailleurs récemment modifié le nom pour "Secrétariat du synode". Une douce avancée pour l'inclusion des femmes dans cette grande organisation qu'est l'Église !
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