Ces frappes aériennes sont une réponse directe à l'attaque chimique présumée, menée le 7 avril dernier, dans le bastion rebelle de Douma, une ville de la Ghouta orientale. C'était la première fois qu'Emmanuel Macron revêtait, depuis son élection, son costume de chef de guerre. Les bombardements ont visé des sites du programme d'armement chimique syrien, l'un près de Damas et les deux autres dans la région de Homs, dans le centre de la Syrie.
Ces frappes sont loin de faire l'unanimité car elles ont été menées sans l'aval du Conseil de sécurité de l'ONU, bloqué par le veto de la Russie. Face aux députés européens, mercredi dernier, le président de la République a dénoncé les postures de ceux qui "à chaque fois s'indignent" mais "restent assis".
En France, lors de deux débats simultanés - et sans vote -, à l'Assemblée nationale et au Sénat, lundi dernier, les deux hémicycles se sont fait l'écho des nombreuses critiques entendues durant le week-end, face au gouvernement. Et à l'Assemblée, le Premier ministre a défendu, dans une ambiance tendue, une intervention "justifiée" et "soigneusement proportionnée", conçue pour "éviter toute escalade".
Pour certains, cette frappe est le résultat de l'échec de la diplomatie. C'est, en tout cas, ce que pense le politologue Ziad Majed, auteur de "Syrie, la révolution impossible" et professeur en études du Moyen-Orient à l'Université américaine de Paris. Un échec qui remonte pour lui, à plus loin. Il semble aujourd'hui que l'avenir de la Syrie soit aux mains de la Russie que l'on a tenté de faire revenir à la table des négociations, au travers de ces frappes.
L'un des problèmes du conflit syrien, c'est son internationalisation. Les forces ouvertement impliquées dans le conflit syrien sont de plus en plus nombreuses. Les grandes puissances mondiales, l'Iran, Israël etc. Mais à l'évidence, l'action politique des Etats pour régler le conflit syrien est un échec.
Certains Syriens souhaitent que cette guerre puisse se régler en interne, sans l'intervention des puissances occidentales qui sont, selon eux, à l'origine du chaos en Syrie. C'est ce que pense Nabil Antaki. Il a vécu la guerre d'Alep depuis les quartiers ouest, contrôlés par le régime syrien. Il continue de s'occuper à Alep de l'association chrétienne qu'il a fondé "Les maristes bleus", qui vient en aide à la population démunie.
Quoi qu'il en soit, le but du jeu de la communauté internationale est désormais d'éviter une guerre mondiale. Pour le moment, les forces armées à l'origine des frappes à Damas et Homs ne semblent pas s'inquiéter d'une réponse de Bachar Al-Assad. C'est donc sur le terrain diplomatique que pourrait se jouer la suite des événements pour ne pas arriver à un scénario catastrophe.
Pour le politologue Ziad Majed, spécialiste de la Syrie, si la troisième guerre mondiale ne se profile pas, les tensions régionales sont en effet de plus en plus grandissantes. Mais tout peut basculer, vers une guerre encore plus dure, ou vers la paix. Tous les éléments sont réunis en ce sens.
L'enquête de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques est au point mort. L'équipe d'experts internationaux ne peut se rendre sur place pour des raisons de sécurité, une mission de reconnaissance de l'ONU a été la cible de tirs mardi dernier.
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