Après un week-end cycliste aussi intense qu'éprouvant et dominé par le "duo des chefs", c'est la deuxième journée de repos ce lundi. Tadej Pogačar explose non seulement les records, mais possède désormais une marge de trois minutes d'avance sur le dernier double vainqueur du Tour. Le danger pour le slovène n'est pas pour autant définitivement écarté et il reste encore une semaine de course et des étapes à venir qui ne pardonneront aucune défaillance.
Dès vendredi, pour la treizième étape entre Agen et Pau, ça commence à sentir la poudre au sein du peloton. C'est sans doute l'approche des Pyrénées qui provoque cette nervosité ambiante parmi les 160 coureurs qui sont encore en course. Sur la ligne de départ, un absent de marque, le slovène Primož Roglič qui est obligé de déclarer forfait pour cause de blessure. Tout au long des 165 km à parcourir, menés à près de 50 km/heure de moyenne, les attaques fusent en permanence.
Il faudra attendre les 20 derniers kilomètres pour voir un trio particulièrement motivé prendre l'avantage, avec, notamment, le vendéen Fabien Grellier. Malheureusement pour eux, les équipes des finisseurs se portent en tête du peloton et accélèrent vigoureusement l'allure, provoquant un inévitable retour sur les échappés à l'approche de la ligne d'arrivée dans la cité Paloise. On s'apprête alors à assister à une nouvelle explication entre sprinters. L'accélération imparable du belge Jasper Philipsen ne laissera aucune chance à ses suivants immédiats et c'est sans réelle surprise qu'il devance son compatriote Wout van Aert.
Les regards des coureurs sont déjà portés vers les Cîmes Pyrénéennes qui se profilent à l'horizon pour les deux jours à venir.
Samedi, pas moins de trois montées difficiles sont au menu dont le mythique Col du Tourmalet, classé hors catégorie avec ses 2115 mètres. Il est suivi de très près par la montée de la Hourquette d'Ancizan, certes moins connue, mais tout aussi exigeante avec ses routes particulièrement étroites et dangereuses. Pour conclure, une arrivée en altitude au Pla d'Adet station de ski bien connue qui domine Saint Lary et l'ensemble de la Vallée d'aure si bien nommée au cœur des Hautes-Pyrénées. Dès le coup d'envoi, et cela, pendant plusieurs dizaines de kilomètres, plusieurs groupes se forment en tête de la course. Après le passage à Lourdes, ce haut lieu de pèlerinage, les premiers contreforts montagneux apparaissent et c'est à partir de Luz-Saint-Sauveur que commence la longue ascension vers le sommet du Tourmalet.
De nombreux coureurs sont déjà à la peine et dans la traversée de Barèges, on retrouve une douzaine d'hommes à l'avant. À l'approche du sommet, le Français David Gaudu accompagné de l'espagnol Lazkano se détache pour franchir le Tourmalet en passant devant la stèle rappelant le souvenir de Jacques Goddet, ancien directeur la "Grande Boucle" pendant un demi-siècle.
Cinq coureurs se regroupent dans la descente et foncent vers Saint Lary pour attaquer la dernière montée qui les conduira jusqu'à l'arrivée au Pla d'Adet. Mais à l'arrière, une stratégie est en train de se mettre en place par l'équipe du maillot jaune. Les accélérations répétées deviennent ravageuses et, bien entendu, les adversaires directs du leader de l'épreuve sont sur le pied de guerre. A 6 km de l'arrivée, l'équipier de luxe du maillot jaune, Adam Yates, place un premier démarrage cinglant, ce qui oblige Vingegaard à s'élancer à sa poursuite. La chasse est de courte durée et c'est au tour du leader Pogacar de placer une banderille sévère qui sera fatale à son valeureux adversaire. Sur la ligne d'arrivée au Pla d'Adet, 40 secondes séparent les deux hommes ; cela creuse encore l'écart au classement général. A l'issue de cette étape éprouvante, plusieurs abandons sont à signaler et il faudra attendre près d'un quart d'heure pour voir arriver les coureurs du dernier groupe encore en course.
Dès le départ, au franchissement du col de Peyresourde en hors d'œuvre, c'est déjà la bagarre ! Quelques kilomètres plus loin, on entre dans le vif du sujet et une bonne vingtaine de coureurs se retrouvent à l'avant de la course aussitôt après la traversée de Bagnères de Luchon. Mais rien n'est joué, car cette quinzième étape entre Loudenvielle et Le Plateau de Beille avoisine les 200 km avec pas moins de cinq cols au programme.
Au fil des kilomètres, le groupe des échappés de la première heure s'amenuise progressivement pour aborder la longue montée du Plateau de Beille dernière difficulté de la Journée. À l'image du scénario de la veille, un véritable combat de chefs se prépare en tête de ce qu'il reste d'un peloton qui a totalement explosé... À chaque virage, le groupe des poursuivants se réduit comme peau de chagrin sous une très forte chaleur.
C'est alors que Vingegaard se met en tête de lâcher le maillot jaune Pogacar. Dans un premier temps, le leader de l'épreuve résiste parfaitement et à 5 km de l'arrivée, il se dresse sur les pédales et place un démarrage fulgurant pour tenter de prendre de nouveau l'ascendant sur son adversaire. On assiste alors à un véritable récital de la "fusée jaune" Pogacar qui s'envole vers une nouvelle victoire d'étape et surtout en profiter au passage pour creuser encore l'écart avec son rival, le valeureux Vingegaard, qui a tout fait pour limiter la casse.
Chaque jour, Christian Tessier décrypte l'étape du Tour de France.
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