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Ukraine vs Russie : la fraternité malgré la guerre

Un article rédigé par Melchior Gormand - RCF, le 4 mars 2022 - Modifié le 18 mars 2024
Je pense donc j'agisUkraine vs Russie : quelles relations entre les pays au-delà des dirigeants ?

L’Ukraine et la Russie ont, depuis toujours, des liens très particuliers. De cousins et amis, ils sont aujourd’hui opposés l’un à l’autre. Mais les choses sont-elles aussi binaires que cela ? Que pensent les Russes de l’action de leur président ? Comment les Ukrainiens vivent-ils cette agression militaire russe ? Comment la fraternité agit-elle dans ce contexte ?

Autocollant "Solidarité". ©UnsplashAutocollant "Solidarité". ©Unsplash

Nadia a 33 ans. Elle a deux enfants, un mari. Elle arrive tout juste d’Ukraine. Elle a quitté son pays en voiture après le bombardement de l’aéroport. Elle revient sur les premiers bombardements. "Le 24, vers 5h du matin, il y a eu des détonations très fortes, des explosions. L’aéroport a été bombardé six fois. La ville est réveillée en urgence. C’est le début d’une guerre ouverte contre l’Ukraine. Les valises étaient déjà prêtes. J’ai eu dix minutes pour boucler mes affaires. On est parti en voiture avec ma belle-sœur et quatre enfants" explique-t-elle sur RCF. Son mari est toujours sur place, pour défendre son pays.

"Personne ne croyait à cela"

Le déclenchement de la guerre en Ukraine par Vladimir Poutine a scandalisé l’Occident. Mais en Russie, des voix tentent également de s’élever contre cette agression envers l’Ukraine. Tous, là-bas, ne cautionnent pas l’action du président russe. Il n’est pourtant pas simple, en Russie, d’émettre un discours dissident. Manifester, c’est prendre le risque d’être arrêté. Le climat d’intimidation est permanent.

"Personne en Russie n’admettait cette possibilité de guerre en Ukraine. On pensait que c’était un jeu diplomatique, un jeu d’échec. Personne ne croyait à ça. Cela paraissait inimaginable. On n’arrive pas à comprendre ce qui se passe. A Moscou, aujourd’hui, des gens émigrent. On prend les jeunes garçons, ceux qui pourront être appelés à l’armée. Ces gens fuient la Russie" explique Zoia Svetova, journaliste, auteur de Les innocents seront coupables : comment la justice est manipulée en Russie (éd. François Bourrin).

Une incompréhension née de la propagande

Du côté ukrainien, la situation est évidemment dramatique. Depuis une semaine, ce pays vit avec la peur au ventre. La peur des bombardements, la peur de l’avancée de l’armée russe. Les rapports sociaux ont changé entre les gens. Certains sont notamment tiraillés dans leurs relations, dans leurs amitiés. Parfois avec des Russes. 

Dimitri Tchesnokov est franco-ukrainien. Il est musicien, pianiste. L’un de ses cousins est aujourd’hui engagé dans le conflit. "A la base, la Russie c’est l’Ukraine. La première ville russe, c’est la capitale de l’Ukraine actuelle. Depuis des siècles, les Moscovites ont essayé de réécrire l’histoire. En France, j’ai appris à réfléchir par moi-même, loin des dogmes. Aujourd’hui, beaucoup de Russes sont encore sous le coup de la propagande, et n’arrivent pas à s’exprimer. C’est ce qui crée l’incompréhension vis-à-vis des Ukrainiens" explique-t-il sur RCF.

"Nous voulons tous vivre"

C’est un fait, la liberté d’expression est un concept abstrait en Russie. Des manifestations existent. Mais ceux qui y participent prennent un risque. Un concept impensable en France. La société russe est divisée. Le conflit provoqué par Vladimir Poutine a également divisé les Ukrainiens. Tous sont face à un choix moral, à un choix sécuritaire. Christina Boursier, qui héberge sa sœur Nadia en France, appelle aujourd’hui les Russes à se soulever contre une situation dramatique. "Le monde entier regarde la jeunesse russe. Chacun doit donner de son mieux dans la situation actuelle. Ensemble, nous allons réussir. Des Russes se rendent en Ukraine pour ne pas faire la guerre, ils sont traités comme des humains. Nous voulons tous vivre" lance-t-elle. "Nous protestons contre cette guerre. Ce n’est pas nous qui avons débuté cette guerre, c’est Poutine. Les jeunes garçons russes ne veulent pas faire la guerre" conclut la journaliste Zoia Svetova. 

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