Le 31 décembre 2022, le Pape Benoît XVI mourrait au monastère de Mater Ecclesiae à l'âge de 95 ans. Le pape émérite donnait ses dernières paroles entendues par une infirmière "Signore ti amo", comprenez "Seigneur je t'aime". Un an après sa mort, il laisse la trace d'un pape "européiste", en rupture avec le pontificat actuel du Pape François.
"Santo Subito". Il y a un près d’un an, à l’occasion des funérailles de Benoît XVI, plusieurs fidèles réclamaient la canonisation immédiate du défunt, considéré et respecté comme un nouveau docteur de l’Église. Un an plus tard, Benoît XVI n’est pas reconnu comme Saint par l’Église - aucun processus n’est d’ailleurs à ce jour enclenché - mais l’enthousiasme de l’assemblée témoigne de la gratitude qu’inspirait le pape émérite.
Les observateurs ont coutume de dire qu’un pape, à sa mort, est à la fois héritier et pasteur. Seulement certains sont plus héritiers que pasteurs. L’ancien cardinal Ratzinger, devenu Pape Benoît XVI, fait partie de ceux-là. "Il restera dans l’histoire comme un pape plutôt conservateur, plutôt dogmatique”, raconte Bernard Lecomte, journaliste et écrivain français.
Pour autant, le Pape François avait aussi un goût de modernité et était lui aussi en partie pasteur. "Il a fait évoluer l’Église. Je pense notamment à cette surprise le jour où il a démissionné expliquant qu’un pape trop vieux ne pouvait plus diriger l’Église”, explique celui qui s’autoproclame "papologue" non sans ironie.
Si aujourd’hui la lutte contre les abus sexuels est devenue une priorité majeure au sein de l’Église catholique, ça n’a pas toujours été le cas. Depuis le début de son pontificat, le pape François libère la parole et poursuit une lutte acharnée contre la pédophilie dans l’Église.
Une lutte qui a débuté il y a plusieurs années déjà sous la houlette de Benoit XVI, à l’époque encore cardinal, et alors que Jean-Paul II était encore vivant. "Il a fait le maximum pour que la vérité soit faite, pour que les dossiers remontent à Rome. Il serait dommage et injuste d’oublier que Benoît XVI ait laissé ça", poursuit Bernard Lecomte.
Depuis le 13 mars 2013 et l’élection du Pape François, l’Église bouge, et marque presque en rupture avec l’ancien pontificat du Pape Benoît XVI. Originaire de Bavière en Allemagne, Benoît XVI est "peut-être dans l’histoire le dernier pape européen", souligne Bernard Lecomte. "Il était européen à 100 %, tout comme son prédécesseur Jean-Paul II”, poursuit-il. Différence notable avec le polonais : "Benoît XVI était même obsédé par la déchristianisation de l’Europe. Il a énormément parlé et écrit sur l’Europe. C'était un européiste", assure l’auteur de l’ouvrage.
Une perception antinomique de celle du Pape François, guidé par ses racines argentines. “Il restera dans l’histoire comme un pape du sud. Le pape François est le premier pape qui vient du sud et qui porte le sud”, analyse Bernard Lecomte. “C’est là où habitent 80 % des catholiques aujourd’hui. Il est parfaitement représentatif de tous ces pays où le catholicisme se développe encore”.
C’est exactement en ça que le Pape François et Benoît XVI marquent une rupture dans leur vision de l'Église du monde. "Le Pape François joue un rôle sur la planète entière et se désintéresse de l’Europe”. Au contraire du pontificat de Benoît XVI : "il était très préoccupé de la transmission, de la doctrine. Il était le pape de l’Europe, le pape qui faisait attention à l’histoire de l’Europe et l’histoire du christianisme".
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