C’était il y a un an jour pour jour. Le Capitole, siège du pouvoir législatif américain à Washington, était pris d'assaut par des partisans de Donald Trump. Depuis cet événement, qui a profondément marqué le pays, une ombre plane encore et les médias américains s'inquiètent sur le devenir de la démocratie. Un dossier par Clara Gabillet.
C’est un jour de commémoration aux États-Unis. Un an après l'attaque, le président américain Joe Biden prononce ce jeudi 6 janvier un discours depuis l’enceinte même du Capitole où des centaines de partisans pro Trump sont entrés par effraction.
Ce jour-là, les Américains retenaient leur souffle, comme les membres du Congrès, terrés dans le bâtiment. Des milliers de partisans étaient massés aux portes du Congrès américain à Washington et sur des drapeaux on pouvait lire : "Trump est mon président". Les assaillants étaient venus s’opposer à la certification de l’élection de Joe Biden. En tout, cinq personnes sont mortes dans cette insurrection.
Un an après, c'est la question que tout le monde se pose : Donald Trump est-il responsable de cette attaque ? Pourquoi a-t-il attendu 187 minutes exactement avant de s’exprimer ? Une commission parlementaire composée de sept élus démocrates et de deux républicains dissidents cherche depuis six mois à faire la lumière. "Il s’agit de comprendre ce que disait réellement Donald Trump quand il a dit à ses partisans quasiment devant la Maison blanche : 'foncez sur le Congrès !'", explique Jean-Éric Branaa, maître de conférences à l’université Panthéon Assas à Paris et spécialiste des États-Unis. "Est-ce qu’il leur a demandé de porter l’assaut ou simplement de se réunir là-bas et d’attendre de voir ce qui va se passer comme il le prétend aujourd’hui ?" Une autre enquête menée par la justice américaine a déjà abouti à des arrestations et notamment à l’incarcération de l’autoproclamé chaman avec sa coiffe amérindienne, proche de la mouvance complotiste QANON.
La démocratie américaine a-t-elle vacillé le 6 janvier 2021, comme on a pu le lire dans de nombreux médias américains ? Pour Jean-Éric Branaa, on a surtout vu qu’elle était fragile. Mais "tout comme le 11-Septembre a permis de renforcer les défenses extérieures, cette attaque du 6 janvier fait renforcer la protection sur la démocratie". Ainsi la loi électorale que tente de faire voter Joe Biden.
Cependant, au lendemain de l’attaque du 6 janvier, les chambres avaient refusé de finir la procédure d’impeachment de Donald Trump. Ce qui laisse dans la société américaine une "impression d’impunité" qui continue à régner, observe Blandine Chélini-Pont, professeure d’histoire contemporaine à l’université Aix-Marseille et spécialiste de la politique américaine. Et on se demande bien aux États-Unis à quoi pourrait aboutir la commission d’enquête...
Le président américain a été élu sur une promesse d’unité, en réaction au mandat de Donald Trump. Malgré ces promesses, "un an après on voit que la division entre démocrates et républicains n’est pas comblée et qu’en plus une autre s’est creusée entre démocrates eux-mêmes", affirme Jean-Éric Branaa.
Il y a dans la société américaine une peur partagée que Donald Trump se présente à nouveau en 2024 et que cela provoque de nouveaux remous comme l’explique Blandine Chelini Pont. "Même si on a des signes qu’il commence à être moins populaire", il y a pour certain "un risque sérieux que l’élection de 2024 et que celles à venir ne soient pas organisées de façon honnête". Un sondage de la chaîne CBS News, révèle que les deux tiers des sondés considèrent que cet assaut sur le Capitole était le "signe d’une violence politique croissante". Le 10 décembre dernier, le Washington Post publiait un article de politique-fiction, "18 steps to a democratic breakdown", "Les 18 étapes de l’effondrement démocratique".
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