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Un an de vie bouleversée !
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Un an de vie bouleversée !

RCF,  -  Modifié le 20 mars 2021
Tous les dimanches dans la Matinale RCF, l'édito de Sr Véronique Margron.
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Édito du 21 mars 21, RCF
 
Un an de vie bouleversée.
 
Un an. Une année d’inquiétudes. Celle pour les nôtres, petits, grands, aînés, celle pour nous-mêmes ; celle pour nos amis et proches, d’ici et de bien ailleurs. Inquiétude pour notre société et son avenir. Celui pour ce monde.
Une année de douleur avec nos morts arrachés à notre affection, nos caresses, notre conversation aimante.
Une année de vie autrement, confinements, couvre-feux, complications de la vie ordinaire.
Une année qui nous a tous épuisés. Une grande épreuve.
Un an de vie malmenée, bouleversée.
 
Avons-nous changé ? assurément oui. Mais comment ?
 
La crise sanitaire et toutes ses conséquences humaines, économiques, sociétales nous mettent à une croisée de chemin : ou un repli sur nous-mêmes, notre univers le plus proche, avec des conséquences de plus en plus lourdes, ou alors une réponse sobre mais vibrante, intime, totale en faveur de ce corps fragile et précieux que sont l’humanité de chacun et de tous. Cette épreuve, qui touche au plus archaïque de la perception de la propagation du mal, par contact, aura rappelé douloureusement que si nous pensions être définis par notre volonté, nous sommes arrêtés par cette passivité essentielle, par notre vulnérabilité - de vulnus, qui signifie « blessure ». Comment faire pour que celle-ci ne nous paralyse pas davantage, ni ne nous recroqueville ? La peur de la contamination, les mesures barrières peuvent rendre tout autre visage, surtout s’il s’approche, menaçant, inquiétant. Mais nous ne pouvons vivre sans l’autre, sans son altérité, son inattendu, son surgissement. À quelle « révolution fraternelle » – pour reprendre ce si beau mot du Secours Catholique – sommes nous invités ? Être de persévérants acteurs de liens, de reconnaissance. « La civilisation est un bien invisible puisqu’elle porte non sur les choses, mais sur les invisibles liens qui les nouent l’une à l’autre, ainsi et non autrement », soulignait Antoine de Saint-Exupéry[1] dans un courrier terrible et vibrant.
 « Attends-toi à l’inattendu » écrivait Edgar Morin[2]. il est compliqué de porter des projets, surtout à moyen terme. Alors nous pourrions nous atteler à être des « réparateurs de brèches ». « Tu rebâtiras les ruines anciennes, tu restaureras les fondations séculaires. On t’appellera : Celui qui répare les brèches, Celui qui remet en service les chemins. » Isaie, 58, 12.
Réparer les brèches, remettre les chemins de la vie ensemble en service, voilà un magnifique projet, à mener au creux du réel tel qu’il se donne. Car notre chair, notre commune dépendance, ne sauraient attendre les certitudes.
 
Véronique Margron op.
 
 
 

[1] Lettre du 30 juillet 1944, écrite au général X, la veille de sa mort au large de Marseille.
[2] Le Monde du 18 et 19 avril et voir aussi Un festival d’incertitudes, Edgar Morin, Tract-Gallimard, 21 avril 2020

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