Au XVe siècle, durant de longues années, les artistes milanais rédigent, encrent, ornent à l’or fin, le précieux Bréviaire qui sera bientôt offert à Marie de Savoie, pour son mariage. Un manuscrit à la valeur inestimable, à l’histoire rocambolesque, qui est parvenu jusqu'à nous et sera bientôt sous les feux des projecteurs du plus connu des musées parisiens.
En 1428, la jeune Marie de Savoie n’a que 17 ans, lorsque son père, le duc Amédée VIII la marie à Philippe Visconti, le duc de Milan. Une union qui signera le début de l’histoire que partageront Savoie et Italie.
À l’occasion de ces noces, Marie de Savoie se voit offrir un bréviaire : 700 pages de liturgie manuscrites, illustrées, à l’or fin, de scènes religieuses, d’animaux et de fleurs. “C’est assez étonnant” explique, Émilie Dreyfus, responsable du service patrimoine aux Bibliothèques de Chambéry. “À l’époque, on faisait plutôt réaliser des Livres des Heures, pour marquer le rang”.
Moins de 20 ans plus tard, Marie de Savoie regagne Chambéry, emportant avec elle son bréviaire : son mari est décédé, elle choisit de rentrer dans les ordres.
Il a été perdu, oublié, avant qu’on ne le redécouvre dans les combles du Château de Chambéry
À la suite de ce retour en France, le mystère plane au-dessus de l’histoire du Bréviaire. Des siècles durant, les historiens perdent sa trace : le manuscrit a tout simplement été oublié. Dans les années 1820, il est retrouvé, par hasard, dans les combles du Château de Chambéry, sous des gravats et des tas de papiers. “On ne sait pas comment il est arrivé là, il y a une part de mystère” raconte Émilie Dreyfus. “Ce que l’on sait, c’est que ce stockage l'a protégé, de la poussière, de l’humidité et des guerres”.
Aux alentours de 1828, le Bréviaire rentre dans la collection des Bibliothèques de Chambéry.
Si les pages colorées du manuscrit ont gardé un éclat étonnant, avant de l’envoyer à Paris, une restauration s’est imposée. “Il y avait des pages qui avaient été pliées” explique la responsable du service patrimoine en montrant les premiers folios du document. “C’est sans doute dû à une mauvaise manipulation. Il faut dire que c’est un document qui a été beaucoup monté depuis sa redécouverte et que les fermoirs qui le maintenaient sous pression avaient disparu”.
Un chantier minutieux a donc débuté à l’automne dans les locaux de la médiathèque chambérienne. Une remise en état pour la somme de 5 500 € et financée en grande partie par l’Etat et la Région. “Le restaurateur a d’abord recréé une protection pour le transport et la conservation de l’ouvrage” explique Émilie Dreyfus. “Il a également humidifié les pages endommagées puis les a retendues avec des aimants”.
Le Bréviaire prendra au printemps la direction de Paris, pour une exposition temporaire en 2024. À son retour, il sera montré une ultime fois, lors des Journées du Patrimoine avant de regagner les étagères des archives chambériennes.
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