Depuis le mois d’août, Zen au Bois accueille des enfants jusqu’à 12 ans trois fois par semaine. L’école de la forêt située près de Thilouze, en Indre-et-Loire, a pour but de laisser les enfants se défouler et de leur apprendre à respecter la nature.
Avant d’entrer dans la forêt, il faut demander l’autorisation à Ziticalou, l’arbre gardien des lieux. C’est l’une des règles de Zen au Bois, une école de la forêt qui prend ses racines à l’écolieu de la Davière, près de Thilouze en Indre-et-Loire. C’est Camille Peverelli qui a créé cet espace pour y accueillir des enfants de 0 à 12 ans, lors de trois séances par semaine.
Sur ces deux hectares de forêt, les enfants ont de quoi s’amuser et se défouler loin du cadre strict de l’école classique. Car Zen au Bois est une école de la forêt, mais ce n’est pas un lieu qui a vocation à enseigner. “On n’est pas là pour faire du passage de connaissance,” explique Camille. “On est vraiment sur des aspects psychosociaux: entraide, coopération, estime de soi. Est-ce que je me sens bien? Est-ce que je me sens à l’aise?”
Au début de chaque séance, on fait la météo intérieure: main ouverte et doigts dépliés pour faire un soleil, poing fermé pour le nuage. “Quand les enfants arrivent ici, ils ont deux mains grandes ouvertes, ils sont super contents.” Et pour cause: ici, il y a tout ce qu’il faut pour s’amuser. Un coin pour construire des cabanes, des hamacs pour un temps calme, un espace pour jouer à la dinette, et même une mare à boue pour laisser place à la créativité.
Car l’objectif est de laisser les enfants décider pour eux-mêmes. “Je fais des propositions d’activités,” explique Camille. “Mais ils sont libres de s’en emparer ou pas, il n’y a pas d’obligation.” Et si les enfants ne veulent pas participer à l’activité, ce n’est pas grave. Zen au Bois repose sur la notion de jeu libre. “La semaine dernière, il y a des enfants qui ont passé une heure et demie à la rivière, alors que ces mêmes enfants la semaine d’avant étaient sur une heure et demie de cabane.”
La seule instruction qui se fait ici, c’est la découverte de la nature, toujours à travers des activités ludiques. “On fait des cache-cache doudous,” raconte Camille, en brandissant une peluche de pipistrelle, une sorte de chauve-souris. Et quand on appuie sur le doudous, il imite le bruit de l’animal. “On travaille sur la reconnaissance des espèces, et ils adorent.”
Et à Zen au Bois, on redéfinit les libertés et les interdits de l’école classique. Autour du feu sous le chapiteau par exemple, pas le droit de courir. Mais au lieu de dire ‘On ne court pas’, ici, on dit ‘Il faut marcher’. Les enfants prennent vite l’habitude, une forme d’autorégulation que Camille avait étudiée en formation. “Je me demandais combien de temps cela allait prendre pour se mettre en place. Mais assez rapidement, les enfants sont vigilants. S’ils voient quelqu’un qui n’est pas dans le cadre de sécurité qu’on a défini ensemble, ils vont s’autoréguler.”
Ici, on prend soin de soi, des autres, de la Nature. Ce sont les mots inscrits sur des ardoises à l’entrée du site de Zen au Bois. Le but de cette école de la nature est aussi de faire découvrir la biodiversité aux enfants, afin qu’ils comprennent pourquoi il est important de la protéger.
“On évite l’intrusion de matériel neuf,” explique Camille. Les seuls objets sur le site qui ne sont pas d’origine naturelle sont des matériaux de récupération: des jerricanes en plastique pour faire un robinet, un entonnoir à la mare à boue, des vieilles casseroles dans le coin dinette. Camille se fournit dans des ressourceries ou bien chez Emmaüs. C’est d’ailleurs là qu’elle a acheté des vêtements de pluie, pour pouvoir en fournir aux enfants qui auraient oublié d’en emmener.
Cette sensibilisation à l’écologie se transmet également aux parents qui assistent aux séances des 0-6 ans. “Il y a des parents qui amenaient parfois des assiettes en plastique. On encourage vraiment à l’utilisation d’objets en bois.”
Un modèle éducatif différent
Zen au Bois est basé sur le principe de Pédagogie Par la Nature, une approche éducative originaire des pays scandinaves, où elle est très populaire. Là-bas, ce sont de véritables écoles qui prennent place dehors, toute la journée. “Il y a 20-30% des enfants qui passent toute leur maternelle, leur CP dehors toute la journée, du lundi au vendredi,” raconte Camille. En France, les écoles de la forêt n’en sont encore qu’à leurs balbutiements. Il existe une centaine de sites, mais ce n’est rien comparé aux quelque 2 000 qui se trouvent en Allemagne.
Camille a découvert cette forme d’éducation à travers un documentaire, et a décidé de se lancer elle-même dans la création d’une école de la forêt. A l'origine chargée de mission pour plusieurs ONG internationales, elle s'est reconverties et a suivi des formations sur l'écologie et l'éducation environnementale. Le projet de Zen au Bois a pris près d’un an à être développé, et le site est ouvert depuis le mois d’août. Mais déjà Camille reçoit des demandes de parents pour en faire une véritable école, comme dans les pays scandinaves. Pourquoi pas, se dit Camille. Mais c’est un projet qui demanderait beaucoup de travail.
Pour le moment, ses objectifs sont plus modestes: en 2022, elle aimerait ouvrir Zen au Bois aux IME (instituts médico-éducatifs) pour permettre aux personnes en situation de handicap de venir passer un moment ressourçant en forêt. Elle voudrait aussi recevoir des personnes âgées qui n’ont pas beaucoup l’occasion de sortir, et des personnes qui souffrent d’anxiété, pour que la forêt devienne en quelque sorte leur thérapie.
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