Une école "hors les murs" s'est installée depuis lundi à Montmoirat, sur la commune d'Autrac au nord ouest de la Haute-Loire. Ce dispositif est porté par 2 établissements scolaires, le collège Saint-Joseph de Château-Thierry dans les Hauts de France et le lycée Notre-Dame des Aydes à Blois dans le Loir-et-Cher. Il permet à des élèves en difficulté de se relancer dans leur scolarité.
8 élèves participent, depuis lundi à une école "hors les murs". Ce séjour a lieu à Montmoirat sur la commune d'Autrac jusqu'à vendredi. Au cours des 5 jours d'immersion les participants vont alterner entre chantiers sur le terrain et travail scolaire.
Les 8 participants viennent du collège Saint-Joseph de Château-Thierry et du lycée Notre-Dame des Aydes de Blois. Ils sont scolarisés de la 4e à la terminale, des élèves qui ont des difficultés avec le système éducatif. Certains par exemple sont hyperactifs, d'autres ne travaillent pas et même parfois dorment en classe. Pour d'autres la difficulté est plus profonde et plus cachée.
Ils sont identifiés grâce à des alertes données par des professeurs, la vie scolaire ou même des camarades. Certaines de ces difficultés sont aussi mises au jour aussi lors d'entretiens individuels avec le chef d'établissement. Pour évoquer une participation à ce type de séjour, un travail est réalisé en association avec les familles et c'est une fois qu'elles donnent leur accord et que l'élève donne aussi son aval qu'il peut s'engager dans ce type de dispositif.
La semaine "hors les murs" n'est pas des vacances pour les 8 élèves qui y participent. Le rythme des journées est très soutenu. La journée débute à 7h et se termine à 22h. Elle est rythmée par différents rendez-vous, un cours d'EPS le matin, les chantiers sur le terrain jusqu'à 16h30 suivi du travail scolaire jusqu'à 18h. Le repas est lui servi à 19h30.
Les conditions de vie sont elles aussi réduites à leur strict minimum. Les élèves dorment dans une grange. Les portables ne sortent qu'une quinzaine de minutes chaque soir pour donner des nouvelles aux parents. Le respect des horaires est aussi un élément central dans l'organisation.
Tout au long de ce séjour, les élèves sont encadrés par une équipe pédagogique renforcée. Un chef d'établissement et un conseiller principal d'éducation sont présents. Ils sont accompagnés du préfet des terminales et de 2 enseignants, un d'EPS et un d'histoire-géographie. Cette matière est réservée à Vincent Bobillot qui reconnaît que l'encadrement est très important pour 8 élèves mais estime qu' "on revient à l'essentiel du travail éducatif"
Parmi les travaux pratiques prévus pendant ce séjour à Autrac, les élèves doivent notamment déblayer un chemin de terre pour le rendre praticable ou encore nettoyer des murs en pierres sèches avant leur reconstruction. Ces ateliers s'accompagnent de l'intervention de spécialistes de la question. Pour certains élèves, se retrouver en pleine nature, à travailler directement la terre c'est une première. C'est un peu physique mais pour Clément, lycéen "ça permet de comprendre ce qu'est le travail autre que le travail à l'école, d'être fier de ce qu'on a fait. Ça permet de connaitre ses limites".
Les limites, les problèmes et les ressentis qui font l'objet d'un suivi continu pendant toute la semaine. Des temps d'écoute sont sacralisés en fin de journée pour faire le point avec les élèves. Certains ont lieu aussi pendant la journée. Les élèves peuvent aussi se confier face caméra car un documentaire est réalisé tout au long du séjour. Il pourra être réexploité au cours de l'année.
Au cours de ce séjour, les professeurs, eux aussi se livrent un peu. Ils échangent plus facilement avec les élèves qu'en classe, une possibilité offerte grâce notamment à des repas passés ensemble. Et même si tout ce qui est dit à Autrac reste à Autrac, pour Arthur, lycéen, ça change l'image des professeurs, ça permet de "voir que ce n'est pas juste des enseignants qui donnent un cours". Ce lien qui se crée est amené à perdurer après dans les établissements scolaires.
Certains effets se produisent au fil du séjour. Certains élèves osent plus se livrer. Ils sont aussi plus à l'écoute des enseignants. Selon Vincent Bobillot, "au début ils ont tendance à sortir les gros bras et s'aperçoivent que c'est compliqué et puis [observent] que la parole de l'adulte peut donner un petit coup de main pour réussir à un peu mieux travailler".
Ce séjour est avant tout un moyen de semer une graine et de recréer un lien avec l'école. Les résultats, eux peuvent se voir plus tard. L'enseignant d'histoire se souvient d'un élève qui avait participé à ce type de séjour. Il est revenu le voir il y a plusieurs semaines et lui a dit qu'il était désormais major de sa promo de médecine.
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