Bourges
C'est l'un des manuscrits médiévaux les plus célèbres au monde. "Les Très Riches Heures du duc de Berry" va avoir le droit à une restauration et une exposition au Musée Condé du Château de Chantilly dans l'Oise en 2025. Un événement très rare.
« Il est plus facile de rencontrer le Pape ou le Président des États-Unis que de toucher les Très Riches Heures » écrivait le spécialiste Christophe de Hamel. Quasiment impossible de toucher l'ouvrage, très rare aussi de l'apercevoir de ses propres yeux. Et pour cause : ce magnifique manuscrit enluminé du XVe siècle est conservé précieusement à l'abri des regards dans une armoire forte du Musée Condé du Château de Chantilly. Quelques chanceux ont eu l'occasion de l'admirer lors de deux expositions, en 1956 - où Umberto Eco fit le déplacement - et plus récemment, en 2004. Depuis, celui que l'on surnomme aussi la "Joconde des manuscrits", est resté au chaud. « Il a acquis au fil du temps une célébrité qui lui confère une véritable valeur d'icône du Moyen-âge » analyse Marie-Pierre Dion, conservateur des bibliothèques du Musée Condé. « Le manuscrit contient plus de 130 peintures, d'une qualité à couper le souffle. C'est une richesse iconographique fabuleuse, une qualité artistique extraordinaire et un raffinement très grand... C'est vraiment un manuscrit fascinant. »
Ce livre de prières est passé entre les mains de plusieurs artistes. D'abord les frères de Limbourg, à qui le duc Jean de Berry avait commandé l'ouvrage. Puis le peintre berruyer Jean Colombe, qui achèvera "Les Très Riches Heures". Le manuscrit a traversé les siècles, mais reste dans un état globalement bon malgré ses 600 ans. Il montre néanmoins quelques signes de vieillissement, notamment au niveau de la reliure. Il y a aussi d'autres points de vigilance : « Le plus préoccupant et qui mérite attention, ce sont des petites déchirures dans les fonds du premier cahier du manuscrit. Il y a également des éclats de peinture qui semblent anciens, mais dont il faut s'assurer qu'ils ne risquent pas de s'aggraver ».
L'ouvrage est donc actuellement en cours d'analyse. La restauration devrait avoir lieu en 2025, ce qui permettra de présenter certains feuillets au public : « si l'on dé-relie le livre et que les feuillets peuvent être désolidarisés de la reliure, on pourra les présenter les uns à côté des autres ». Une information à mettre au conditionnel évidemment, mais Marie-Pierre Dion est optimiste : « Il est vraisemblable que nous pourrons démonter le calendrier, les premiers cahiers du manuscrit pour les présenter intégralement lors de l'exposition ». Les douze peintures du calendrier devraient donc être visibles pour le grand public en 2025 au Musée Condé du Château de Chantilly. Et un jour à Bourges, dans la ville du Duc de Berry ? Impossible : lors de la donation de l'ouvrage par le duc d'Aumale à l'Institut de France, l'une des clauses stipulait qu'il ne devait pas être exposé ailleurs. Reste donc à parcourir "Les Très Riches Heures" en ligne, puisque le manuscrit a été entièrement numérisé.
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