Préparer l’année à venir, mobiliser les militants, définir les grands axes d’action. Anticiper les échéances électorales. C’est le temps de la rentrée politique. Une rentrée qui se déroule dans un contexte sanitaire particulier. Lors d’un récent entretien, Emmanuel Macron avait annoncé que la rentrée politique serait difficile. Voila la tonalité qui prévaut en ce moment.
"Emmanuel Macron ne compte pas rester enfermé dans la crise du covid. Le président souhaite se représenter en 2022. Il veut sortir de cet étau par une tentation colbertiste en nommant prochainement des sous-préfets à la relance, si tant est qu’une seconde vague d’épidémie n’empêche cette relance, avec aussi un haut-commissariat au plan, une institution ressuscitée tombée en désuétude" explique Vincent Martigny, professeur de sciences politiques à l’Université de Nice et à l’École polytechnique, auteur du "Retour du Prince" (éd. Flammarion).
Le maître mot du nouveau Premier ministre est la déconcentration. "Beaucoup d’élus sur le territoire souhaiteraient une décentralisation. La déconcentration c’est quand l’État central envoie ses agents dans les territoires. La décentralisation, c’est quand on fait confiance aux territoires. Emmanuel Macron est un homme de l’Etat central. Beaucoup d’élus commencent à le lui reprocher. C’est l’un des enjeux d’Emmanuel Macron : agir avec les territoires" ajoute Vincent Martigny.
A ce sujet, Jean Castex a promis des concertations avec les élus locaux. "L’un des gros enjeux du Premier ministre, qui est un homme de territoires, sera d’arriver à dépasser le millefeuille institutionnel pour imposer à la fois depuis l’Etat une politique de relance qui n’écrasera pas les autres institutions qui seraient tentées de faire de la résistance" lance-t-il.
En attendant, toutes les réformes sont au point mort. "La priorité, c’est le plan de relance, c’est de sauver les entreprises. Et ce n’est donc pas vraiment le moment de faire une réforme des retraites, de l’enseignement supérieur, des territoires. Ce genre de réformes coûte très cher politiquement, et ce n’est pas immédiatement visible pour les Français" estime le professeur de sciences politiques.
Dans un tel contexte, la majorité est sous tension. "La nomination de Jean Castex a accentué ces tensions entre une aile gauche et une aile centriste ou de droite. On sait qu’aujourd’hui le soutien d’Emmanuel Macron se trouve au centre-droit. Or la majorité présidentielle vient plutôt du centre gauche. Et la nomination de Jean Castex a achevé de lui faire comprendre que le gouvernement qu’elle soutient ne rencontre pas vraiment ses aspirations" analyse encore Vincent Martigny.
Quant à l’opposition, on peut véritablement parler de déprime. "La droite est déprimée, elle se réunit ces jours-ci pour essayer de voir à quoi va ressembler la présidentielle. Pour l’opposition en général, l’heure est aux petites manœuvres qui vont mener à la présidentielle. À gauche, on voit un rassemblement entre les partis. A gauche, il y a une tentative d’union. La gauche le sait, elle n’a aucune chance à la présidentielle si elle n’est pas unie, et elle bénéficie d’un soutien très fort de l’opinion, en faveur des écologistes" conclut-il.
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