"C’est en mourant qu’on ressuscite à l’éternelle vie", dit la prière de saint François d'Assise. En janvier 2017, les éditions Desclée de Brouwer ont réédité l'ouvrage "Mourir un peu", que Sylvie Germain avait publié en 1997. "Mourir un peu", c'est-à-dire "mourir à soi" : mourir "en tant qu'ego hyper encombrant, narcissique, refermé sur soi même", mourir à ses préjugés, y compris sur Dieu...
"Mourir pour vivre davantage", voilà qui semble paradoxal mais qui doit se comprendre d'un point de vue spirituel. Il s'agit, nous dit Sylvie Germain de "découvrir d'autres aspects de la vie". Quand on y réfléchit, "la traversée d'une vie ne se passe jamais sans deuil". Il y a la perte d'un ami, d'un membre de sa famille. Mais aussi la perte de ses idéaux, de ses illusions. "Ces formes de morts plus ou moins graves qui jalonnent nos vies."
De ces morts il ne faut pas chercher à "s'en prémunir", pour l'écrivain. Car si l'on cherche tout de suite à être consolé, "on passe à côté de quelque chose d'essentiel". Il est sage de dire qu'il restera "toujours quelque chose d'inconsolable en nous" et d'admettre qu'un deuil, "quel qu'il soit, nous prend toujours au dépourvu". Or dans notre société, tout est fait pour "gommer" la mort, "sous toutes ses formes".
"Devance toute séparation comme si elle était derrière toi,
Semblable à l'hiver qui à l'instant s'en va.
Car parmi les hivers, il en est un sans fin, tel que,
l'ayant surmonté, ton cœur en tout survivra."
Rainer Maria RILKE (1875-1926)
"Devance toute séparation", dit le poète. C'est ce que font, pour Sylvie Germain, un moine ou une moniale, lorsqu'ils font vœu de pauvreté, de chasteté, d'obéissance. Des vœux qui couvrent tout de notre rapport aux autres et aux choses. Un renoncement à soi, à ses envies. "Un jeu constant de réajustement avec soi-même."
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !