
Vague de contestation inédite en Turquie, à la suite de l’arrestation d’Ekrem Imamoglu, le maire d'Istanbul et principal opposant du président Recep Tayyip Erdogan. La vague de protestation se répand à travers la Turquie.
Le maire d'opposition d'Istanbul a été suspendu de ses fonctions et incarcéré hier pour corruption. Ekrem Imamoglu est le principal opposant du président turc Recep Tayyip Erdogan. Il devait être investi comme candidat à la présidentielle de 2028. Sa condamnation a déclenché une vague de contestation à travers la Turquie, inédite depuis 12 ans.
Depuis mercredi 19 mars, des dizaines de milliers de manifestants envahissent tous les soirs la place de la mairie d'Istanbul. Hier, les visages étaient graves. Le maire et opposant Ekrem Imamoglu a été conduit à la prison de Silivri, à l'ouest d'Istanbul, ainsi que plusieurs coaccusés. Suspendu de ses fonctions, il a dénoncé "une exécution sans procès", et appelle "la nation à lutter".
L'incarcération du maire d'Istanbul et de nombreuses autres personnalités "constituent des atteintes graves à la démocratie", a déploré le soir même la diplomatie française. Elle rappelle que la Turquie est membre du Conseil de l'Europe et État candidat à l'adhésion à l'Union européenne.
Le parti du maire d'Istanbul, le CHP, a maintenu sa primaire, dimanche 23 mars. Un scrutin symbolique qui a viré au plébiscite avec 15 millions de votants en la faveur d’Ekrem Imamoglu. Plus de 13 millions de personnes extérieures au CHP ont voté pour lui, selon le premier décompte communiqué par la municipalité.
Face à l'ampleur de la mobilisation, les opérations ont dû être prolongées de plus de trois heures et des bulletins réimprimés. Ekrem Imamoglu, seul candidat en lice, devait être initialement investi comme candidat à la prochaine élection présidentielle en 2028.
Des incidents ont éclaté entre manifestants et policiers, avec usage de gaz lacrymogène. Mais la vague de protestation déclenchée par l'arrestation de M. Imamoglu s'est répandue à travers la Turquie, atteignant une ampleur inédite depuis le grand mouvement de contestation de Gezi, en 2013, parti de la place Taksim d'Istanbul.
Au moins 55 des 81 provinces turques ont été gagnées par le mouvement, soit plus des deux tiers du pays. Enfin la contestation ne se concentre pas dans les frontières du pays. Elle se fait entendre aussi à l'internationale, comme à Paris, où les communautés turques se mobilisent pour affirmer leur soutien aux opposants.
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