Cet été, une dizaine de cours d’école à Lyon et à Villeurbanne a été dé-bitumée. Plantation d’arbres, désimperméabilisation des sols, installation d’enrobés clairs, un souffle d’air frais qui sonne la fin de la récré bétonnée. Mais derrière ce changement à l’apparence légère se cache un chantier complexe et qui prend du temps. À Lyon, il a pris du retard au démarrage.
C’est une photo que l’on a vu accompagner de nombreux articles de presse à l'été 2023. Des pelleteuses dans des cours d’école pour enlever du béton et le remplacer par du bois, de la terre, des végétaux. Finies les cours d’école en béton, ombragées par d’incontournables platanes, meilleure recette pour la création d'îlots de chaleur en mai, juin et septembre. Des fournaises pour nos enfants.
Rafraîchir ces lieux de vie devient urgent pour leur bien-être, mais aussi pour les sols eux-mêmes, en les rendant perméables pour laisser passer les eaux de pluie et réduire les effets du dérèglement climatique.
À Villeurbanne, la végétalisation des cours d’école est bien une réalité. Un tiers des 73 cours d’école sont passées au vert, entièrement ou partiellement. Parmi les nouvelles venues de la rentrée, il y a l’école élémentaire Jean Jaurès de Villeurbanne, une petite oasis pourvue d’un jardin en pleine terre qui devrait bientôt accueillir des poules. La commune socialiste a pris de l’avance sur sa voisine Lyon, puisque la municipalité s’est attaquée dès 2017 au béton.
À Lyon, les cours de l’école Larmartine (2e arrondissement), l’école Pradel (6e) ou encore de l’école Paul Bert (3e) ont changé de visage cet été. En 2020, le nouveau maire écologiste Grégory Doucet veut construire une ville « à hauteur d’enfants » : piétonisation des abords des écoles, mise en place de « cours nature », etc. La première sort de terre en 2021, dans l’école maternelle La Sauvagère (9e). Le maire de Lyon s’engage alors à requalifier une cinquantaine de nouvelles cours d’école avant la fin de son mandat, en 2025. Mais on est aujourd’hui encore loin du compte : seulement une petite dizaine de cours d’école ont été végétalisées.
Alors pourquoi cette végétalisation prend autant de temps ? D’abord parce que c’est un chantier semé d'embûches. Il faut mobiliser des équipes nombreuses sur un temps très restreint : les deux mois des vacances scolaires pour que tout soit prêt à la rentrée. « Les travaux de cours d’école coûtent cher puisqu’on reprend une cour dans son ensemble : on a de l’éclairage, on a des réseaux d'eau pluviale, des réseaux d’eau usée […] la création de nouveaux réseaux coûte cher », explique Vanessa Villeneuve, du service aménagement des espaces publics et naturels de Villeurbanne.
Et puis il y a une autre explication : la variable humaine. Lucille Paulet travaille pour l’association Robins des Villes sur les projets de végétalisation des cours d’écoles du 7e et 8e arrondissement. La ville fait appel à des associations et entreprises pour réaliser des consultations et co-créer la cour de demain avec les enfants et les adultes. Une démarche qui, elle aussi, prend du temps mais qui est nécessaire, selon Lucille Paulet, pour se mettre d’accord sur les nouveaux usages de la cour. « On pourrait croire que végétaliser une cour c’est mettre trois arbres, un banc et un buisson et que c’est plié. Généralement on dé-bitumise […] et tout ça, ça va changer plein de choses dans l’organisation de la cour », ajoute-t-elle.
Quand on dit « au revoir » au béton, on met derrière nous les grands espaces propices aux jeux de ballon. Il faut donc se mettre d’accord sur les nouveaux jeux et réfléchir à un juste partage de l’espace. Dans les cours bétonnés, « ce sont souvent les jeux de ballon et les garçons qui occupent 80 % de l’espace », souffle Lucille Paulet.
Pour autant, les projets de végétalisation se multiplient, accélérés par ces printemps et ces automnes chauds dans les cours d’école. La végétalisation est aussi perçue par certains professeurs et directeurs comme une solution pour faire l’école dehors, à l’ombre des arbres quand il fait trop chaud dedans. La végétalisation, c’est l’arbre qui cache la forêt. Dans certaines classes, faute de rénovation énergétique, le thermomètre peut monter jusqu’à plus de 35 degrés.
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