Une seule entreprise a finalement déposé sa candidature pour la reprise de Vencorex. Seuls 25 postes sur les 500 que compte l’usine iséroise seraient conservés. Les salariés sont entrés en grève mercredi 23 octobre et espèrent une intervention de l’Etat
Plus aucun camion ne peut entrer ou sortir sur la plateforme chimique de Pont-de-Claix. Les salariés de l’usine Vencorex qui étaient restés modérés depuis l’annonce de la mise en liquidation judiciaire “pour ne pas effrayer les potentiels repreneurs” d’après les syndicats, sont entrés en grève ce mercredi 23 octobre. Une seule offre de reprise a été déposée pour l’usine iséroise. Seuls 25 postes sur les 500 que compte l’entreprise seraient conservés par le repreneur hongrois BorsodChem.
“On se retrouve avec 95% des salariés sur le carreau” souffle Thibault. Technicien de laboratoire depuis 18 ans, il fait partie des postes potentiellement supprimés : “Ça fait un choc. Certains ont des crédits à rembourser, des enfants, une maison… C’est un sacré coup dur !”
Robin, lui aussi arrivé à Vencorex en 2006, a appris la nouvelle la veille. Il est encore sonné : “C’est un coup de massue. On a eu des visites de plusieurs candidats potentiels et on s’attendait tous à avoir plus d’offres !”
Une menace globale pour la chimie grenobloise
Dans le détail, l’entreprise hongrois BorsodChem ne s’est positionnée que pour la reprise d’une seule activité : un atelier de tolonates, avec 25 de ses 46 salariés. Une situation que Thibault juge intenable : “Un atelier pour qu’il tourne, il faut lui fournir de l’eau. Donc embaucher des salariés pour gérer ça. Pour que la plateforme tourne il faut aussi que les camions puissent rentrer, donc des postes de gardes, un bureau de trafic route… On ne peut pas faire tourner un atelier sans rien autour.”
Les quais de chargement et de déchargement, le portail devant lequel les salariés font grève, était géré jusqu’à présent par Vencorex, pour toutes les autres entreprises installées sur la plateforme de Pont-de-Claix. Le risque, estiment les salariés, c’est que la fermeture de leur usine ne sonne le glas de toute la chimie iséroise. Pour Philippe Gaude, élu CGT, “l’incompréhension est encore plus grande qu’on s’attendait à ce qu’Arkema se positionne sur le sel.” L’entreprise de matériaux se fournissait jusqu’à présent chez Vencorex pour cette matière première.
“Tout est interdépendant” renchérit Christophe Ferrari, maire de Pont-de-Claix et président de la Métropole de Grenoble, “la conséquence si Pont-de-Claix ferme c’est que Jarrie fermera aussi. C’est de la responsabilité des industriels de défendre l’industrie chimique et pas simplement regarder leurs petits intérêts de boutiquier. Je demande aux industriels de se ressaisir et d’être dans la construction d’une offre de reprise et d’être dans la gestion de cette plateforme.”
Les organisations syndicales ont rendez-vous ce vendredi à Bercy. Ils espèrent mettre la pression sur le ministère pour que l’Etat intervienne dans le dossier, et encourage les industriels de la chimie grenobloise à formuler une offre de reprise commune de l’ensemble des activités de l’entreprise.
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