Là-bas, le souvenir de l’une des tempêtes les plus meurtrières de l’histoire du pays hante encore les esprits. Il y a dix ans, Elisabeth Tabary perdait son mari âgé de 60 ans, et son petit-fils de deux ans, à cause de la tempête Xynthia. Cela faisait onze ans qu’elle habitait à La Faute-sur-Mer, l’une des communes les plus dévastées par cette catastrophe, dont l’ampleur a été sous-estimée.
Pourtant à l’époque, Météo France a bien placé quatre départements en vigilance rouge, dont la Vendée. Mais seulement pour vents violents. Pourtant l’établissement avait effectivement bien cerné la dangerosité de la situation. Mais selon François Lalaurette, directeur des opérations pour la prévision à Météo France, la communication de ces informations n’a tout simplement pas été optimale.
Etienne Chauveau, géographe à L’Université de Nantes, partage ce constat d’une mauvaise circulation de l’information. Mais sans surprise, il évoque aussi les erreurs d’aménagement du littoral. Elisabeth Tabary a été concernée par le processus de relocalisation. Sa maison fait partie des 600 biens qui ont été démolis, à La Faute-sur-Mer, avant d’être remplacés par un parcours de golf.
Une manière d’aller de l’avant, pour la commune, même si la tempête a laissé des traces, aussi bien matériellement que dans les esprits. La Faute a été condamnée à verser plus d’un million d’euros d’indemnisations. Et l’ancien maire de la commune, candidat aux prochaines municipales, a lui aussi été condamné à deux ans de prison avec sursis, pour homicides involontaires et mise en danger de la vie d’autrui.
De son côté, Elisabeth Tabary a dû faire face à d’importants problèmes de santé. Mais elle a choisi de rester dans la région, et même de s’installer dans une commune voisine, à L’Aiguillon-sur-Mer. D’autres personnes ont quant à elles utilisé ce drame pour faire grandir leur foi. Pour le père François Roullière, de la paroisse Saint-Michel-l’Abbaye, ce début de Carême marqué par Xynthia, il y a dix ans, lui a permis de mieux comprendre comment accueillir Dieu en toutes circonstances.
Dix ans plus tard, il reste la question de savoir si ce genre de catastrophe pourrait se reproduire. Selon François Lalaurette, le directeur des opérations pour la prévision à Météo France, des tempêtes comme Xynthia pourraient effectivement se former de nouveau. Mais la façon de prévenir ce risque s’est améliorée, tout comme les outils de mesures de Météo France.
En revanche, on peut se poser davantage de questions sur la façon dont le littoral sera capable, à l’avenir, de s’adapter au changement climatique. Sur ce point, le géographe Etienne Chauveau s'interroge. En attendant, une cérémonie d’hommage aux victimes est prévue dimanche matin, au mémorial construit à La Faute-sur-Mer.
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