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Vers un Premier ministre de centre-droit ?

Un article rédigé par Emilie Balla - RCF, le 27 août 2024 - Modifié le 27 août 2024
L'Invité de la Matinale"On se dirige vers un gouvernement de centre-droit", assure le politologue Pascal Perrineau

Emmanuel Macron a définitivement écarté la possibilité d’un Premier ministre issu du Nouveau Front Populaire, a-t-il annoncé dans un communiqué de l’Élysée, adressé aux rédactions, lundi 26 août, invoquant un besoin de "stabilité institutionnelle". Alors que le chef de l'État démarre de nouvelles consultations ce mardi 27 août, il appelle aussi les socialistes, les écologistes et les communistes à “coopérer avec les autres forces politiques”. Est-ce "un coup de force anti-démocratique" comme l’affirme l’union des gauches ? Pascal Perrineau, politologue et professeur des Universités à Sciences po, analyse la situation.

 

Emmanuel Macron sur le perron de l'ÉlyséeEmmanuel Macron sur le perron de l'Élysée

Si la période que nous traversons est bel et bien difficile, pour Pascal Perrineau, elle est liée à l’absence de majorité positive qui se dégage à l’Assemblée nationale. Selon lui, il faut se reporter aux textes de la Constitution qui attestent que c’est bien au président de nommer le Premier ministre. Face à cette évidence, LFI a tout de même été dans son rôle en faisant pression sur le président afin qu’il nomme Lucie Castets à Matignon. Mais pour Pascal Perrineau, la réalité est ailleurs car “personne n’a gagné les élections”.

Si jamais un gouvernement NFP -Nouveau Front Populaire- se mettait en place, il serait extrêmement instable, il suffira d’une motion de censure pour le faire tomber. Donc il faut continuer la prospection de l’homme ou de la femme issu(e) d’autres sensibilités, qui pourrait dégager une majorité qui ne serait pas négative contre lui.” Une situation inédite sous la Ve République, de l’avis du politologue. 

L’Assemblée nationale est un véritable miroir brisé

Le groupe parlementaire le plus important étant le RN, mais sans alliés, à l'exception d’Eric Ciotti, il ne peut donc gouverner. Pour le politologue, "il faut plutôt aller chercher dans les forces centrales, du centre-droit au centre-gauche, qui sache pratiquer le compromis, ce qui n’est pas une habitude française". 

Un nouveau round de consultations s'ouvre ce mardi 27 août, uniquement auprès de LR, de LIOT (Libertés, indépendants, outre-mer et territoires) ainsi que les différentes composantes de la majorité. La gauche ayant annoncé, par la voix d'Olivier Faure, faire bloc derrière LFI.

Quel profil idéal pour le Premier ministre ?

Alors qu’Emmanuel Macron est à la recherche d’une solution pour “un gouvernement stable”. Pascal Perrineau rappelle qu'une situation similaire a eu lieu en Italie il y a quelques années, à l’issue de laquelle, les Italiens s’étaient tournés vers un profil technique à l'image de Mario Draghi. "Il peut aussi s’agir de quelqu’un qui ne susciterait pas de polarisation contre lui, et qui serait capable de dégager des majorités d’idées en fonction des cas de figures, des majorités alternatives". Un exercice très compliqué, que de choisir une cohabitation dans ces circonstances. 

"Vers une demi-cohabitation ?" Valérie Pécresse, présidente de la région Ile-de-France, se réjouissait ce matin de l’éviction de la gauche en avançant que la droite pouvait être coopérative sans être supplétive d’Emmanuel Macron. Peut-être est-ce “ce type d’oiseau rare” que le président recherche ?

En coulisses, on parle également de Bernard Cazeneuve, l’ancien Premier ministre de François Hollande, de Didier Migaud, président de la Cour des comptes, tout comme de Gérard Larcher, président du Sénat ou encore de Xavier Bertrand, président de la région Hauts-de-France.

Des hommes qui ont tous prouvé leur capacité à dépasser les querelles partisanes étroites, sans faire dans l’idéologie 

Mais au-delà du nom, une question demeure : ont-ils une vraie capacité à mener une telle cohabitation avec le chef de l'État ? 

Emmanuel Macron a-t-il changé ?

Au vue de ces journées de consultations, Emmanuel Macron aurait–t il laissé de côté l’hyperprésidence qui l'a caractérisée ces dernières années ? “Il n’ a pas le choix” précise Pascal Perrineau, “cela fait dériver le pôle présidentiel vers le pôle parlementaire". Les Français sont, en effet, en train de découvrir ce qu’il se passe dans la plupart des démocraties européennes, c’est-à-dire une culture du compromis et du consensus. "Nos voisins allemands l’ont fait en réunissant des libéraux et des conservateurs, peu habitués à être ensemble” ajoute le spécialiste. Une composante oubliée de notre Constitution française, rappelle Pascal Perrineau.

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