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Victime d’un attentat au Liban, Fouad Hassoun témoigne

Un article rédigé par Ghislain Foignier - RCF, le 17 octobre 2024 - Modifié le 4 novembre 2024
L'Invité de la Matinale"C'est le malheur qui s'abat sur mon pays", déclare Fouad Hassoun, libanais devenu aveugle après un attentat à la voiture piégée

Le Liban subit depuis 50 ans, une suite de guerres, de conflits et de troubles. Fouad Hassoun est libanais maronite, devenu aveugle après un attentat à la voiture piégée. Sur l'antenne de RCF et Radio Notre Dame il témoigne de la situation au Liban. Le cœur de son message est un appel à la paix.

Ville détruite- Image libre de droit-PexelsVille détruite- Image libre de droit-Pexels

Depuis le 8 octobre, la guerre entre Israël et le Hezbollah a fait basculer le sud du Liban dans une crise humanitaire sans précédent. Pour répondre aux attaques du Hezbollah, Israël a multiplié les ordres d’évacuation à destination d’environ 118 villes et villages au sud du pays. Fouad Hassoun, libanais maronite témoigne de la situation dans le pays. 

Une situation tendue

Selon Fouad Hassoun, la situation pour les civils est invivable. Il évoque la misère et la peur que subissent les Libanais"Les avions qui passent au-dessus de la tête. Vous ne savez pas si un missile ou une bombe va vous tomber sur la figure, va détruire votre maison, brûler vos champs". La situation géographique du Liban rend la fuite des populations difficile voire presque impossible. "Ils sont enfermés dans un petit pays qu'est le Liban mais ils ne peuvent pas partir" explique Fouad Hassoun. La population se retrouve enclavée dans cette région du Moyen-Orient. Ainsi, personne ne peut échapper à la misère de la guerre. 

 Je parle, je supplie. On ne m'entend pas, je vais crier, je vais crier qu'il nous faut faire cette paix. Nous ne pouvons pas rester dans ces conflits-là. Ce sont des Libanais, qu'ils soient de Hezbollah ou d'autres factions qui sont en train d'être tués.

Fouad Hassoun évoque avec regret la situation catastrophique dans laquelle se trouve le Liban depuis quelques années: "C'est le malheur qui s'abat sur mon pays. C'est la destruction de ce qui nous reste encore après toutes ces crises. La crise économique, l'explosion du port, la faillite des banques".  Lui-même, a été la victime d'un attentat qui l'a rendu aveugle. Il porte les traces de la guerre, mais dit pardonner à ses ennemis :  "J'ai pardonné" dit-il, faisant référence à Jésus : "Moi je vous dis: Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent".

Le soutien de l'Eglise est incontestable 

Fouad Hassoun témoigne de la flamme qui l'anime : "Quand on voit la situation au Liban, à Beyrouth, l'explosion dans le port, il y a eu la crise politique qui s'en est suivie. Maintenant, la guerre. Comment peut-on encore avoir l'espérance ? Par la charité et par la foi, nous pouvons allumer cette flamme de l'espérance." Il évoque également les autres vertus pour parvenir à une plus grande espérance. Par ailleurs, le soutien inconditionnel du pape est une preuve que Dieu n'abandonne pas le peuple libanais.

Le pape, le Saint-Père François appelle tous les jours une paroisse à Gaza, la Sainte-Famille. Tous les jours, il appelle le père Gabriel Romanelli pour lui dire, tenez bon.

Le pape François suit cette guerre de près et compte venir à Beyrouth assure Fouad Hassoun. Le Souverain pontife invite les populations locales à tenir bon malgré les bombardements et les attaques répétées d'Israël.  C'est là, la preuve ultime du soutien de l'Eglise qui invite les populations locales et les fidèles à ne pas abandonner. "Pour moi, chrétien, si j'ai le Christ en moi, je ne dois pas avoir peur et je dois recevoir cette paix". Fouad Hassoun cite même cette célèbre phrase de Jean-Paul II prononcée le 22 octobre 1978 au début de son pontificat : "N'ayez pas peur". Avec l'espérance, tout est possible selon Fouad Hassoun. 

L'Eglise doit assurer son rôle de médiatrice entre les peuples, elle doit maintenir la paix.

"Quand saint Jean-Paul II a dit que Liban est plus qu'un pays, c'est un message de liberté, de pluralité, de convivialité, de vivre ensemble." Malgré les différentes religions du pays, Fouad Hassoun plaide pour leur unité. "Il faut qu'on trouve un pont entre les différentes factions, entre les différentes religions et ce pape il milite pour cela" ajoute Fouad Hassoun. Toujours habité par l'espérance il dit : "je veux pouvoir aller prier aussi avec toutes les religions qui sont à Jérusalem."

 Il suffit d'une bonne volonté et d'un appel à la paix par nos dirigeants qui se mettent autour d'une table et ça peut se faire très vite.  J'y crois profondément et je milite pour cela

Le 20 octobre, le pape François a canonisé les martyrs de Damas, huit franciscains et trois laïcs maronites assassinés à Damas en octobre 1860. Pour Fouad Hassoun, c'est une "canonisation prophétique!" L'action du pape François suit une logique de diplomatie vaticane portée sur la non-agression et la prévention. Fouad Hassoun se réjouit de ce rôle porté par le Saint-Siège et invite même le pape à venir davantage dans la région. "Il faut que le pape aille à Beyrouth", ajoute t-il. Il clame la nécessité d'une autorité morale puissante pour mettre fin à cette guerre "Le pape est une figure spirituelle et morale et il a dit que cette guerre est immorale. "

Le rôle de la France au Liban est séculier

"Notre terre a toujours été le théâtre de conflits externes. Et puis voilà, la France est venue au secours. Elle a été fidèle par l'armée française qui est venue soutenir les maronites et les protéger, comme elle l'a fait avec Saint-Louis en 1250" précise Fouad Hassoun. Il appelle la France à jouer un rôle au Liban comme elle a pu le faire par le passé. Fouad Hassoun fait aussi référence aux nombreuses fois où la France est venue porter secours au Liban. Reprenant la phrase de Saint Louis, il rappelle que le peuple maronite est une partie intégrante du peuple français.

La France doit prendre son rôle éminent au Moyen-Orient et particulièrement au Liban, parce que les Libanais aiment la France et les Français aiment les Libanais.

Fouad Hassoun prend comme exemple le roi Saint Louis qui s'est engagé auprès des maronites à assurer leur protection et appelle la France à faire des efforts pour respecter son contrat historique. Il appelle à la mobilisation : "Nous devons aussi encore envahir les écrans, les journaux par cette mission que la France a vis-à-vis du Liban. En France, il y a énormément de gens qui sont guéris grâce à l'intercession de saint Charbel. Il aime la France, il a parlé français. Il aime beaucoup ce peuple français qui est un peuple frère."

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