La journée du 6 novembre en France aura donc vu le pari réussi de Donald Trump. Le milliardaire est réélu à la tête des États-Unis d'Amérique, quatre ans après avoir quitté la Maison-Blanche. Comment analyser cette victoire ? Quelles leçons tirer de la campagne ? David Martini, avocat américain et professeur associé à l'Université Clermont Auvergne, nous livre des éléments de réponse.
Hier s'est dénoué un feuilleton politique long de plusieurs mois : celui de l'élection présidentielle américaine. Une campagne, de l'avis de tous, marquée par une violence verbale, certes, mais aussi physique. C'est ce que souligne David Martini. Comment expliquer cette victoire ? "Plusieurs éléments peuvent l'expliquer, mais l'une des choses essentielles dans les victoires du président élu Trump, c'est qu'il libère une parole, il permet aux gens de dire tout haut ce que beaucoup pensent tout bas. Tout ce qu'il a pu dire n'était pas strictement la vérité, mais sa force, c'est d'avoir réussi à faire croire qu'il allait accomplir ce qu'il avait promis."
Celui qui est professeur associé à l'Université Clermont Auvergne souligne un enjeu lié à la parole du président : "Les médias ont joué un grand rôle dans cette élection, encore plus qu'avant. Quand Donald Trump a pu dire des choses erronées ou fausses, on a pu faire passer cela comme quelque chose d'extravagant, faisant partie du personnage. Or, les erreurs de Kamala Harris, de mon point de vue, ont été amplifiées et passées au crible, bien plus que celles de Trump."
Le juriste ne centre pas cette élection uniquement autour de la figure du président élu. Pour lui, c'est aussi une véritable défaite pour Kamala Harris. Selon lui, "parfois, elle a été trop au centre. De nos jours, on pourrait presque dire que le parti démocrate est devenu une sorte de parti républicain 'light'. Sauf que dans ce cas, les électeurs préfèrent voter pour l'original. Et comme les démocrates penchent de plus en plus à droite, les propos de l'extrême droite paraissent alors 'acceptables' pour une large part de la population."
Pour autant, le résultat à retenir selon David Martini est celui d’un pays plus que jamais fracturé : Républicains/Démocrates, Hommes/Femmes, Américains/Immigrés… Cela s’est traduit en fin de campagne par un abus, selon lui, du terme "fasciste."
Au final, "les deux côtés, les deux partis entretiennent un dialogue de sourds et ne donnent pas l’exemple. Ils ne s’écoutent plus…" Justement, l’écoute, selon lui, doit revenir au centre des débats pour des échanges plus apaisés et nuancés dans ce pays des extrêmes : "Tant que tout le monde n’a pas la même compréhension des faits, on n’arrivera jamais à se comprendre. Chacun passe son temps à dire que son adversaire a tort sans se pencher sur les raisons de sa colère. En ce moment, il n’y a plus de discussion possible."
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