A quelques jours de la journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes, un lieu d’accueil d’urgence ouvre ses portes ce jeudi à Rennes, la Maison des femmes Gisèle-Halimi, une structure unique en Bretagne, située à côté de l’hôpital Sud.
244 000 victimes de violences conjugales ont été enregistrées en 2022, en France. Une hausse de 15 % en un an. A quelques jours de la journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes, fixée le 25 novembre, les chiffres du service statistique ministériel de la sécurité intérieure, publiés le 16 novembre dernier, nous apprennent qu'une victime sur quatre porte plainte.
Les difficultés sont nombreuses pour les femmes victimes : procédures judiciaires, problématiques financières, sociales, matérielles, médicales ou psychologiques. A Rennes, un lieu d’accueil d’urgence ouvre ses portes ce jeudi 23 novembre : la Maison des femmes Gisèle-Halimi.
Cette Maison des femmes aux murs bleus, sur le parvis de l’hôpital Sud, se situe à quelques mètres seulement des urgences pédiatriques et gynécologiques, et à proximité immédiate d’une unité d’accueil pour l’enfance en danger. Un lieu unique en Bretagne où les femmes trouveront un accès aux soins, une aide juridique et un accompagnement social et psychologique.
S’y trouvent des bureaux médicaux, des salles de repos, une salle d’activité et des espaces de jeux pour les enfants. Les femmes accueillies ont aussi la possibilité de faire tourner une lessive, déposer des affaires ou préparer un repas dans la cuisine commune. A côté des consultations médicales, des groupes de parole y seront organisés sur différentes problématiques : les violences conjugales, l'inceste, les mutilations sexuelles féminines, les violences sexuelles en dehors du couple et de la famille.
“Ici, le collectif va faire tout son sens, explique l’une des responsables médicales de l’unité hospitalière de la Maison des femmes, Mathilde Delespine, sage-femme au CHU de Rennes. Les femmes vont pouvoir s'identifier de façon positive les unes aux autres, elles vont pouvoir aussi découvrir leurs compétences ou les redécouvrir, elles vont expérimenter des outils de régulation émotionnelle positifs pour canaliser les symptômes consécutifs aux violences : les crises d'angoisse, les troubles de la concentration, les troubles du sommeil, les troubles de l'estime d'elles-mêmes.”
Différents ateliers thérapeutiques seront aussi proposés : le karaté adapté aux femmes victimes de violence, le yoga adapté aux familles victimes de violence, la sophrologie ; mais aussi des ateliers comme l'art-thérapie, le théâtre, l'écriture ou la photographie. “L’objectif est de surmonter les blessures sans parler frontalement des violences, poursuit Mathilde Delespine. Par le corps, certaines émotions ressortent qui ne pouvaient pas être verbalisées devant une psychologue.”
Un accueil de jour et est assuré toute la journée par l’Asfad, association rennaise qui vient en aide aux femmes victimes depuis plus de 35 ans. Une ligne téléphonique est ouverte 24h/24. “L’ouverture de la Maison des femmes nous a permis de doubler l’équipe, s’enthousiasme Kathy Cauden-Jonot, travailleuse sociale de l’Asfad. On peut recevoir plus de personnes au même moment, c'est quand même extraordinaire. Moins d'attente, plus de possibilités en termes de rendez-vous aussi."
Parmi les permanences assurées à la Maison des femmes : les avocats du Barreau de Rennes, le CIDFF, Centre d’information sur les droits des femmes et des familles, ou encore le Planning familial.
“On a besoin du meilleur de tous ces mondes, médicaux, sociaux, judiciaires, et aussi la culture et le sport, pour que ce ne soit pas aux femmes de faire ce travail de liaison et de synergie entre les professionnels, reprend Mathilde Delspine. C'est de mon point de vue très indécent de leur demander ça alors qu'elles ont beaucoup de choses à porter. Elles ont à survivre à des violences extrêmement graves, très dangereuses, et très impactantes sur leur santé."
La Maison des femmes accueille deux autres unités. Celle du CHU dédiée à l’accompagnement des victimes de mutilations sexuelles, mais aussi le Centre de santé sexuelle et d’IVG, puisque 23 % des femmes en demande d’avortement rapportent être ou avoir été victimes de violences.
La maison des femmes Gisèle-Halimi est ouverte du lundi au vendredi de 9 h à 17 h, avec une plateforme téléphonique accessible 7 J/7. Pour les victimes en Ille-et-Vilaine, le numéro est le 02 33 54 44 88.
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