Le 8 mars est marqué par la Journée internationale des droits des femmes. Dans l'Église Catholique, synonyme du troisième vendredi de Carême, elle est dédiée à la prière pour les victimes de violences sexuelles dans l'Eglise. Sœur Véronique Margron accompagne des victimes, elle témoigne de l'importance du travail de mémoire.
"Je pense que cette journée est avant tout importante pour l'Église, puisqu’on peut penser que nombre de victimes ne savent même pas qu'elle existe", exprime Sœur Véronique Margron, présidente de la Corref, la Conférence des religieux et religieuses de France.
En octobre 2023, la Commission reconnaissance et réparation (CRR), qui accompagne les victimes de violences sexuelles dans des congrégations catholiques, a été contactée par 782 personnes. Pour Sœur Véronique Margron, faire mémoire est essentiel dans la guérison des victimes. "Pour nous, faire mémoire, c'est actualiser, dans sa propre chair, la souffrance des victimes, les crimes commis, et la trahison qu’a été celle de l'Église."
Faire mémoire, est aussi essentiel pour aider l’Église à changer structurellement. La Ciase (la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l'Église) a travaillé sur ces violences pour tenter de comprendre comment tant de crimes ont pu être commis. "A travers cette mémoire, ce ne sont pas des chiffres, mais des visages, et c'est avec cela que s’effectue le changement", estime la religieuse dominicaine.
Le soutien des victimes de violences sexuelles est au cœur de cette journée de mémoire. Mais, elles seules, peuvent exprimer les gestes qui peuvent les consoler. "Je pense, c'est avant tout la reconnaissance de ce qu'elles ont subi et de ce qui a été commis", estime la présidente de la Corref. Selon elle, ce geste représente "le labeur d'une forme de justice qui s'effectue entre autres à travers la CRR ou l'Inirr."
Mais pour autant, le caractère systémique de l’Église catholique ne peut changer en si peu de temps. Un mouvement qui est néanmoins en marche. "Aujourd'hui, on est encore dans un travail d'élaboration, pour changer ce système, l'ouvrir à l'altérité et empêcher ce réflexe de défense, voire d’impunité des agresseurs", reconnaît Sœur Véronique Margron.
L’Église, pas plus qu'une autre institution, ne peut changer simplement par sa tête.
Une nouvelle association, Fraternité victimes, vient d’être crée pour venir en aide aux victimes d'abus de tout type dans l'Église. "L’Église, pas plus qu'une autre institution, ne peut changer simplement par sa tête. Elle change par son corps et décide que ce qui a été ne peut plus être", affirme-t-elle. Une preuve fondamentale que les laïques prennent leur place dans ce combat.
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