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Violences sexuelles dans l’Église : l'état des lieux en 2024 a été dressé

Violences sexuelles dans l’Église : l'état des lieux en 2024 a été dressé

Un article rédigé par Philomène Dubois - RCF, le 25 mars 2025 - Modifié le 27 mars 2025

L’Instance nationale indépendante de reconnaissance et de réparation (Inirr) pour les personnes victimes de violences sexuelles dans l’Église lorsqu’elles étaient mineures, a publié son rapport annuel de 2024 ce mardi 25 mars. Ce rapport souligne notamment les 213 démarches restauratives mises en œuvre au cours de l’année.

Marie Derain de Vaucresson, présidente de l'Inirr, Myriam Dubois, référente, et Gilles, victime de violences, ont présenté l'état des lieux pour l'année 2024. © RCFMarie Derain de Vaucresson, présidente de l'Inirr, Myriam Dubois, référente, et Gilles, victime de violences, ont présenté l'état des lieux pour l'année 2024. © RCF

Plusieurs victimes ayant sollicité l’Inirr ont témoigné de leurs parcours et de l’accompagnement qu’elles ont reçu de cette instance.

Les démarches restauratives : une mesure essentielle

L’année 2023 avait été marquée par l’essor des démarches restauratives, conduisant à la création d’un pôle dédié à cette question. Cette tendance s'est confirmée en 2024 avec 213 démarches restauratives entreprises. Celles-ci peuvent prendre différentes formes.

Gilles, victime de l’ex-prêtre Bernard Preynat, a ainsi témoigné de sa rencontre avec l’évêque auxiliaire de Lyon, Monseigneur Loïc Lagadec. Il a décrit cette rencontre comme cruciale dans son processus de réparation. "Il faut que cet homme voie ce qu’est une victime de viol", rapporte Gilles, qui accorde une très grande importance au fait qu’au cours de l’entretien, Mgr Lagadec a reconnu la complicité de l’Église, qualifiant ces actes de crimes.

Aussi, 24 % des démarches restauratives consistent en une rencontre entre une victime et un évêque. "L’enjeu est de témoigner et d’être entendu", souligne Marie Derain de Vaucresson, présidente de l’Inirr.

Il faut que cet homme voie ce qu’est une victime de viol

Un dédoublement des demandes d’aide pour en parler à ses proches a été observé en 2024, rapporte Jean-François Badin, secrétaire général adjoint chargé des démarches restauratives. Ces demandes représentent désormais 10 % des démarches restauratives mises en place cette année. La famille peut parfois exercer une pression sur les victimes mineures en doutant de leurs paroles.

Cet accompagnement est crucial, témoigne Gilles, dont les parents ont mis du temps à reconnaître les violences qu’il a subies. Souvent sujettes à des réveils traumatiques, les victimes sont accompagnées par des professionnels. "Avoir des professionnels pour nous accompagner, c’est révolutionnaire", s’exclame Gilles. "Il y a des personnes payées pour nous aider."

 

Malgré une baisse des demandes de réparation auprès de l’Inirr,
une volonté de s’inscrire dans la durée

À ce jour, 1 580 personnes se sont adressées à l’INIRR, et 1 235 d’entre elles ont bénéficié d’un accompagnement. Parmi elles, 852 décisions ont été rendues, soutenues par l’action de 22 référents de situation. Actuellement, 345 personnes sont encore en attente d’accompagnement, un chiffre en augmentation en raison des effets rebonds liés aux récentes révélations, notamment dans l’affaire Bétharram.

On observe néanmoins une période de ralentissement global, avec 168 nouvelles sollicitations en 2024. Sur le plan judiciaire, 52 % des faits signalés relèvent d’infractions graves au regard de l’échelle pénale. Les victimes avaient en moyenne entre 11 et 15 ans lors des premières violences.

L’un des enjeux majeurs pour l’Inirr demeure néanmoins d’inscrire les témoignages des victimes dans une histoire collective et institutionnelle sur le long terme. L’instance ambitionne de répondre à cette situation de crise de manière pérenne, notamment en recensant les savoirs acquis, en mesurant leurs conséquences et en analysant les effets du processus de reconnaissance et de réparation.

L’Inirr s’inscrit également dans un contexte plus large en impliquant des acteurs du monde du cinéma, des écoles, et en médiatisant les témoignages de victimes volontaires, afin de contribuer à la libération de la parole.

L'Agenda du week-endLe podcast "Silence on crie" de Stéphanie Gallet
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