Sabah Rahmani, rédactrice en chef adjointe du magazine Kaizen nous parler de l’exemple des éco-lieux.
Il est intéressant d’observer les lieux pionniers qui ont fait le choix de tendre, à leur petite échelle, vers un mode de vie plus écologique et plus citoyen. On parle d’éco-lieu, d ‘éco-hameaux, d’habitats groupés ou participatifs, parfois d’éco-quartiers, ou encore d’oasis. On en répertorie aujourd’hui plus de 1 200 dans toutes les régions de France. Et la tendance ne fait que s’accentuer avec de nombreux projets en cours.
L’objectif de ces lieux est de créer et d’expérimenter au quotidien de nouveaux espaces de vie en commun, de repenser nos rapports au territoire et au vivant. Ces éco-lieux ont de nombreux points communs : le premier par exemple consiste dès le début du projet, à construire ou à rénover les bâtiments (maisons ou appartements), selon des principes d’éco-constructions : dans le choix des matériaux mais aussi dans l’architecture avec notamment l’orientation des bâtiments pour favoriser au maximum les économies d’énergie. De l’installation de panneaux solaires aux petites éoliennes, ce sont aussi les énergies renouvelables et la sobriété énergétique qui sont privilégiées.
Beaucoup de ces éco-lieux mettent aussi en place des jardins partagés, des systèmes d’économie et de récupération d’eau. Ils mettent en commun certaines ressources comme par exemple la buanderie, un four à pain, les outils, des vélos ou encore les voitures. Et surtout, ils n’hésitent pas à s’échanger des savoir-faire. L’idée est d’être le plus autonome possible.
Pour autant on est loin des clichés, les résidents de ces oasis sont souvent des familles de toutes générations qui travaillent à l’extérieur, et ne sont pas coupées du monde, elles vivent dans un logement privé, et n’ont pas renoncer à tout confort, même si elles vivent plus sobrement. Elles partagent simplement un projet de vie commun, pour être en cohérence avec des valeurs de solidarité et de moindre impact environnemental.
Diverses études commandées par la coopérative Oasis, qui accompagne juridiquement et financièrement les projets d’habitats participatifs, a montré qu’en matière d’énergie, d’alimentation et de logement, le bilan carbone des habitants des éco-lieux est moindre que la moyenne nationale. Résultat : une personne vivant dans un oasis émet en moyenne 5,4 t CO2 par an, alors que l’empreinte carbone moyenne d’un Français est de 10 tonnes de CO2 par an. On est encore loin du compte pour respecter l’objectif de l’Accord de Paris signé en 2015, car les Français devraient chacun émettre 2 tonnes de CO2 par an. Pour autant, c’est possible puisque l’étude montre que certaines personnes qui vivent en éco-lieu atteignent cet objectif.
Autre résultat intéressant, les liens sociaux seraient renforcés dans les éco-hameaux. Car, outre le partage de certaines ressources et un mode de gouvernance participatif, le lien social est aussi au cœur du projet, avec l’organisation de diverses animations, de rencontres, d’ateliers, ouverts aux personnes extérieurs à l’éco-lieu. Il arrive que des visites y soient organisées, pas pour convaincre les gens d’habiter dans un éco-lieu mais pour diffuser des pratiques ou inspirer des projets individuelle ou collectif.
Et peut-être que ce mode de vie, sera le modèle de demain ?
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