La crise sanitaire a largement perturbé cette année scolaire 2020-2021. Le monde de l’éducation est-il désormais mieux préparé, plus apte à l’enseignement à distance, à l’accompagnement des élèves ? Xavier Dufour est docteur en philosophie, professeur agrégé de mathématiques, et président de l'association Communion des éducateurs chrétiens. Il publie "Enseignant et chrétien" aux éditions de l’Emmanuel.
Le second tour des élections régionales et départementales a été marqué par une très forte abstention, plus de 65 %. Du côté des jeunes, les 18-24 ans, c’est une réalité encore plus marquante. "Il me semble que cette crise de l’engagement citoyen n’est qu’un symptôme d’une crise plus large. Un des sens de mon engagement c’est de comprendre le sens de l’école", affirme Xavier Dufour.
L’année scolaire a également été marquée par l’assassinat de Samuel Paty, professeur d’histoire-géographie dans un collège de Conflans Sainte-Honorine. "On l’a tous très mal vécu parce qu’il renvoie à bien des difficultés présentes dans l’école et puis la question du fait religieux à l’école, de la possibilité d’en parler de manière distanciée, empathique et intelligente", réfléchit ce professeur agrégé.
Selon Xavier Dufour, l’Éducation nationale n’a "pas du tout pris au sérieux le rapport de Régis Debray en 2002 qui invitait à prendre la question religieuse à bras le corps". "L’enseignement catholique tire son épingle du jeu. Beaucoup d’établissements font des efforts mais c’est encore insuffisant", estime-t-il. "Trop souvent on met en avant la laïcité comme une religion au-dessus des religions et on en profite pour taire l’enseignement des religions", regrette le professeur.
Sur cette difficulté à faire coïncider sa foi et son travail, Xavier Dufour pense à ses collègues "pour qui il n’y a pas cette séparation intérieure entre être chrétien le dimanche et professeur laïque la semaine”. “La foi chrétienne transforme notre regard, ça ne veut pas dire qu’on va l’exprimer", poursuit-il.
"Dans l’appartenance de foi, il y a une dimension de culture qui peut être assumée par l’école. Malheureusement l’école publique n’en veut pas. On peut comprendre que des familles réagissent et disent que la formation chrétienne se fait à la maison. Quant à l’enseignement catholique, il peut prendre en charge une culture de la foi. On ne peut pas penser l’école et la famille en termes de concurrence", conclut-il.
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