Le président chinois Xi Jinping est en visite en France pour 3 jours, du 5 au 7 mai, à l'occasion des 60 ans de l'établissement des relations diplomatiques entre les deux pays. Cette visite est également l'occasion de régler les différends commerciaux entre les deux pays. Pour l'économiste Mary-Françoise Renard, la Chine a besoin du marché européen.
En ce début mai, la France et la Chine mettent à l'honneur leurs 60 ans de relations diplomatiques. Le pays communiste, devenu une puissance économique et militaire de premier plan, est aussi un marché pour la France et l'Europe. La Chine, elle, s'est instituée comme un acteur majeur dans plusieurs domaines : les transports, les télécommunications, l'informatique, la production d'électricité avec les panneaux photovoltaïques...
Pourtant, la Chine, elle aussi, dépend du marché français, l'un des plus importants importants marchés chinois à l'étranger. L'économiste Mary-Françoise Renard est l'autrice de "la Chine dans l'économie mondiale, entre dépendance et dominations". Elle explique :
La Chine a besoin du marché européen, qui est son premier partenaire commercial. C'est très difficile de savoir si elle est prête à faire des concessions, parce qu'elle peut aussi prendre des mesures de rétorsion. c'est quelque chose de classique en termes de relations internationales. quand un pays met des droits de douane sur un produit, on fait une enquête qui concerne un produit de sa propre économie.
Lundi 6 mai, la présidente de la Commission européenne, Ursula Van der Layen, prenait part aux discussions franco-chinoises à l'Élysée. Ce n'est pas un hasard, à en croire la professeure à l'Université d'Auvergne et responsable de l'Institut de recherche sur l'économie de la Chine.
La politique commerciale est élaborée au niveau européen, et non pas au niveau de chacun des États membres. Donc la politique commerciale, l'instauration de droits de douane, le contrôle des exportations... C'est une prérogative européenne. Emmanuel Macron a bien compris [que] jouer cavalier seul, ce n'est pas une solution.
Pourtant, la France a son rôle à jouer. "Le poids qu'a la France vis-à-vis de la Chine, c'est qu'elle est membre du Conseil de sécurité de l'ONU. Mais celui qui a la taille et la puissance d'être un partenaire, c'est l'Union européenne", précise Mary-Françoise Renard.
L'Union européenne avait annoncé, le 13 septembre 2023, l'ouverture d'une enquête sur de potentielles subventions chinoises à la production de voitures électriques. En réponse, la Chine avait ouvert en janvier une enquête sur un potentiel dumping (vente sur les marchés extérieurs de produits à un prix inférieur à celui du marché national) des eaux de vie de vin françaises.
Le 8 mars, Franck Riester, ministre délégué en charge du commerce extérieur et de l'attractivité, rencontrait en Charente les acteurs de la filière cognac. Le ministre évoquait les besoins d'échanges et d'accords commerciaux profitables aux deux parties.
Les alcools et les produits de luxe français sont très appréciés et très demandés en Chine. Des mesures contre ces produits sur le marché chinois pénaliseraient les producteurs français.
Les deux parties ont donc tout intérêt à trouver un accord. De plus, l'économiste indique que "la Chine ne souhaite pas que l'Europe soit trop proche des États-Unis. Elle aimerait convaincre les européens de garder une certaine distance vis-à-vis des États-Unis, et de se rapprocher de la Chine". Elle ajoute : "là, l'Europe est indispensable à la Chine."
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