Cette année, avec la Coupe du monde au Qatar ou la convention citoyenne sur la fin de vie, il y a de quoi animer les repas de famille. Et si les sujets clivants n'étaient que des prétextes que l'on lance pour exprimer des non-dits ? Cela expliquerait pourquoi les retrouvailles avec les parents, les cousins ou les frères et sœurs dégénèrent parfois, jusqu'à se transformer en conflits, malgré la joie de Noël.
Cette année, avec la Coupe du monde au Qatar ou la convention citoyenne sur la fin de vie, il y a de quoi animer les discussions en famille. En réalité, "quelles que soient les époques", il y a toujours des sujets qui fâchent, constate la psychanalyste et philosophe Elsa Godart. Car ce qui se joue lors des repas de famille, ce sont des conflits antérieurs liés à l’enfance, "ça recrée des situations passées".
Aussi, les sujets clivants ne sont jamais que "des prétextes" pour évoquer certains conflits larvés "parfois depuis l’enfance". Ce qui fait dire à la psychanalyste que "les conflits sont inévitables en famille - surtout quand la table est bien arrosée, ce qui exacerbe les passions !"
Pourtant, on a tous envie d’une trêve à Noël. La plupart du temps, et c’est là le paradoxe, on est contents à l’idée de se retrouver. On prépare des cadeaux, une belle décoration de Noël, on se met en cuisine, mais il y a toujours une cousine qui râle, un frère qui lance les sujets qui fâchent ou une belle-mère stressée qui n’est pas à l’aise avec sa belle-fille. La faute aux non-dits ? "Tôt ou tard, explique Elsa Godart, consciemment ou pas, il y a une volonté de créer un conflit, d’expier des non-dits sous-jacents, qui sont là depuis fort longtemps."
Et les non-dits, même quand on s’entend bien, "on en a tous". Il y a ceux dont on n'ose pas parler de peur de blesser, ceux que l'on exprime sans les formuler nettement ou encore ceux que l'on porte en soi inconsciemment. Avec cette incertitude : il n'est écrit nulle part qu'il faut se taire pour préserver l'harmonie familiale ou qu'il faut que tout soit dit pour se comprendre les uns les autres.
Bien souvent, lors des retrouvailles en famille, on redevient la petite fille ou le petit garçon qu’on était. Et les parents reprennent eux aussi leur rôle d’éducateurs. "Tu fumes trop, tu pourrais aider…" Autant de "petites remarques que les adultes ont beaucoup de mal à accepter", note Marie Costa. Pour beaucoup, avoir quitté le nid familial après l’adolescence, c’était s’émanciper de ce type de relations. Il peut être difficile d’y revenir…
En fait, à Noël, tout le monde ne peut pas mettre de la bonne volonté. Comme le rappelle Elsa Godart, cette période "peut être extrêmement éprouvante et anxiogène. L’anxiété liée aux fêtes de fin d’année est extrêmement élevée", observe même la psychanalyste. Une solution pour éviter les conflits à Noël ? "Essayer tout au long de l’année de cultiver des liens…"
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