Le défi de janvier sans alcool
En partenariat avec Fondation Falret
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À l’heure où certains s’astreignent à réduire leur consommation d’alcool à l’occasion du Dry January, aussi appelé Janvier sobre en français, il est intéressant de s’interroger sur son rapport à la boisson, mais aussi à toutes les formes d’addictions, telles que la drogue, le tabac ou les jeux d’argent. Comment devient-on dépendant ? Quels sont les processus neurobiologiques qui les provoquent et comment s’en défaire ? Réponses avec le neurologue et biochimiste Jean-Antoine Girault.
Ces dernières années, les scientifiques se sont intéressés au circuit de la récompense, qui serait l’un des processus conduisant à l’addiction. Découvert un peu par hasard dans les années 50, lors d’expérimentations portant sur l’éveil effectuées sur des rats, "ce système très important dépend des neurones qui utilisent la dopamine comme neurotransmetteur et qui sont activés lorsque l’animal ou l’humain reçoit une récompense", explique Jean-Antoine Girault. En modifiant la plasticité synaptique, la dopamine va pousser l’individu à "apprendre les comportements qui vont l’amener à avoir une bonne surprise".
À l’origine, ce circuit de la récompense n’a rien d’anormal, mais lorsque l’apprentissage est exagéré, il peut dysfonctionner et provoquer une conduite addictive qui va occuper toute la vie du sujet, quelles que soient les conséquences négatives de cette addiction, indique le neurologue, directeur de recherche à l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale).
Si ce circuit de récompense peut être stimulé par un gain d’argent ou une substance chimique, d’autres facteurs peuvent aussi entraîner une forme de dépendance. D’après de récentes études, les risques pourraient être d’origine génétique, ce qui expliquerait que les réactions face à une forte stimulation soient différentes d’un individu à l’autre. Il y avoir par exemple un certain "goût du risque" en tentant des produits dangereux, comme l’explique le neurologue. L’aspect environnemental joue aussi un grand rôle. "L’exposition se fait par tout un tas d’interactions sociales : l’entraînement par les pairs, le stress et différentes circonstances qui vont favoriser non seulement l’utilisation répétée et le passage à l’addiction", ajoute le spécialiste.
Pour sortir de cette dépendance, et faute de "remède miracle", il faut une "approche multiparamétrique", estime Jean-Antoine Girault. "Il ne faut pas avoir honte, ne pas cacher son trouble et se tourner vers des gens compétents", ajoute-t-il. L’addictologue devra ensuite mettre au point un accompagnement personnalisé, en mêlant thérapie cognitive, thérapie comportementale et médicaments contre l’anxiété. Un travail de tous les instants car la moindre exposition à une drogue peut réactiver le besoin quasi automatique de consommer la substance addictive. "C’est ça la principale difficulté de l’addiction, même lorsque la phase aigüe, où il y a les phénomènes de manque, est surmontée, il y a un risque de rechute important des mois voire des années plus tard", alerte le neurobiologiste.
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