"Bonjour, au revoir, merci, s’il vous plait, excusez-moi." Que serait un monde sans un minimum de politesse ? Mais si nous, adultes, en comprenons l’usage, comment en faire saisir l’importance à nos enfants ? Et surtout de quelle politesse parle-t-on ? Décryptage, en toute courtoisie, avec Céline Syritellis, coach parental et Jean-François Belmonte, créateur de Papapositive.fr.
Qu’entend –on d'abord par «"politesse" ? Pour le Petit Robert, c’est "l’ensemble des usages, des règles, qui régissent le comportement, le langage, considérés comme les meilleurs dans une société." En bref, une sorte de code de bonne conduite vis-à-vis d’autrui. Mais plus qu'un vernis social, la vraie politesse à enseigner, n’est-elle pas surtout une marque de respect et d’attention ? "C’est un peu des deux.", estime la coach Céline Syritellis, coach parental. "C’est un apprentissage qui permet aux enfants de vivre une vie en harmonie avec eux-mêmes et le reste du monde." A condition que "ce ne soit pas une forme de conditionnement." rajoute Jean-François Belmonte, créateur du site papapositive.fr. "Ces codes sont importants pour l’intégration, Mais quand on y met de la profondeur, c’est encore plus important."
Avoir des enfants polis, est-ce que ça ne valorise pas aussi les parents, fiers de les avoir "bien élevés « et de le montrer ? "Cela va venir alimenter une certaine confiance et un certain jugement –Je suis un bon ou un mauvais parent." estime Jean-François Belmonte. "Mais il faut sortir justement de cette peur du jugement, qui empêche d’accompagner nos enfants sur des pratiques qui vont me nourrir et nourrir la relation à l’autre." Même conviction pour Céline Syritellis, pour qui cet apprentissage peut fluctuer. Et de citer ces parents "qui s’inquiètent" de voir leurs enfants vers 3-4 ans perdre des automatismes de politesse acquis tout-petits. Une évolution normale avec l’apparition d’émotions liées à la vie sociale, comme la timidité.
Cela dit, comment apprendre cette politesse "du cœur " ? Le chantage, la punition, les rappels systématiques "Et le petit mot magique" ? Autant de contraintes qui donneront une politesse de façade, mais sans cette empathie qui la rend sincère et précieuse. Mettre une vraie conviction derrière ces formules toutes faites, Marie en témoigne au téléphone: "Quand je rencontre une personne, je luis dis comme je suis contente de la voir. C’est mieux qu’un simple bonjour convenu et un enfant peut l’apprendre en regardant la personne et en lui souhaitant vraiment un bon jour !"
Autres pistes d’apprentissage : se servir de livres pour se mettre à la place du héros -poli ou malpoli- et demander à l’enfant ce qu’il peut ressentir dans ces situations. Jouer également "à la marchande". A condition d’aller plus loin que le simple "Sbam, Sourire, Bonjour Au revoir Merci " estime Jean-François Belmonte. "Lorsqu’un enfant pénètre dans un magasin et voit un étal, on peut lui demander, d’après toi, ces produits viennent d’où ? Quel est le soin que l’épicier a pris pour le mettre en rayon, toute cette chaîne humaine qui a permis que ce produit soit devant soi". Une reconnaissance que le jeu permet, avant de l’expérimenter dans un supermarché !
Il n’y a pas que les mots pour marquer la politesse. Il peut y avoir aussi des comportements ou des contacts physiques, comme le fameux bisou pour dire bonjour ou merci. Faut-il forcer un enfant à le faire auprès de la mamie, voire d’une personne qu’il ne connait pas ? "On touche là à un sujet très sensible qui est le consentement du corps et qui peut même aller sur les violences sexuelles." considère JF Belmonte. Il faut donc respecter ce choix si l’enfant ne veut pas embrasser et convenir avec lui de la façon qu’il aura de dire bonjour, par exemple d’un signe de la main."
Pas de bisou, mais pas trop de gros mots non plus. Si ça commence généralement par les fameux "cacaboudins" et autres "Grosse patate qui pue", les mots plus orduriers peuvent vite arriver. Provocation, façon d’attirer l’attention, besoin d’exprimer une colère ? "Dans tous les cas, le meilleur réflexe à avoir, c’est de ne pas surréagir à la première fois." explique Celine Syritellis qui conseille ensuite de chercher à comprendre où l'enfant a entendu ce mot, ce qu’il signifie et trouver par quoi le remplacer. Et si ces jurons reviennent trop souvent, dresser une carte avec des croix pour les représenter et faire remarquer à l’enfant les jours où il n’y en a pas eu. Et ne pas oublier de remercier sincèrement de cet effort, en toute politesse !
"Ca ne peut plus durer" de Céline Syritellis. Editions Marabout - 2024
https://papapositive.fr/ : Un site créé par Jean-François Belmonte proposant « outils, astuces et conseils pour une éducation consciente et positive"
"Crottochon" de Cécile Grandveau (autrice) et Laure Lacour (illustratrice) . Editions La cour des loulous. Un livre pour aborder avec humour la question des gros mots. Des titres jeunesse à retrouver sur https://www.lacourdesloulous.com/
"Les bons petits diables de Séraphine" dans la collection "Mon premier manuel de Savoir-vivre" par Inès de Chanterac , aux éditions Pierre Lequi
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