Moselle
La fête de la Saint-Valentin, qui célèbre l'amour, véhicule une certaine vision romantique de la vie à deux. Comme s'il s'agissait d'une relation fusionnelle entre deux êtres parfaitement accordés. Or, on peut faire l'expérience de la solitude même si l'on est en couple...
Lorsqu'on rencontre l'âme sœur, on se dit qu'on ne sera plus jamais seul au monde. On attend de l'être aimé l'amour, la sécurité, le réconfort. On d'attend d'elle ou de lui que notre vie soit transformée. Chaque rencontre est une petite révolution porteuse de folles espérances. Et pourtant, une fois la passion retombée, beaucoup d'hommes et de femmes tombent dans la désillusion et se sentent affreusement seuls. Eux qui rêvaient de l'union parfaite se sentent séparés et éloignés de la flamme initiale. Comment vivre l'amour qui rapproche de l'autre, tout en restant soi-même avec sa part de solitude ? Cette question est au cœur du livre du psychiatre Christophe Fauré, "Ensemble, mais seuls" (éd. Albin Michel, 2009).
Il y a dans la recherche de l'être aimé un désir inconscient de retrouver ce temps, où, dans le ventre de sa mère, le petit d'homme ne faisait qu'un avec elle. "La nostalgie d'un temps où deux ne faisaient plus qu'un : c'est peut-être ça qu'on essaie de retrouver à travers le lien d'amour", suppose Christophe Fauré. Reste qu'à sa naissance comme au moment de sa mort, l'être humain est "fondamentalement seul".
"Malheureusement notre société ne nous apprend pas à rencontrer cette dimension [de solitude] sereinement, déplore le psychiatre, on nous apprend plus que le bonheur est à l'extérieur et que si on peut consommer on va trouver le bonheur." Ainsi, croyant que l'autre va venir remplir ou réparer ce vide, on a parfois la tentation d'aller chercher à l'extérieur une réponse à notre vide existentiel, en mettant "trop d'attentes ou trop d'espoirs" sur son couple.
Certes "la relation d'amour peut être un cadre fantastique" pour s'épanouir mais c'est un leurre de croire que l'autre va nous réparer. Christophe Fauré prend l'image d'une serre - le couple - qui va créer les conditions pour que la graine - l'individu - puisse germer : mais "la graine est toute seule à germer".
Pour autant, il est "fondateur" et "indispensable" de se laisser tomber "dans le piège de la fusion amoureuse" à ses débuts. "C'est vraiment quelque chose qui initie le lien et lui donne un élan", nous dit le psychiatre. Et dont on pourra se souvenir dans les moments difficiles pour redonner de l'élan à son couple. Mais il est nécessaire de considérer que "deux êtres humains ne peuvent fusionner tout le temps".
Ce que le psychiatre appelle un "vécu de solitude-isolement" est quelque chose "qui arrive très souvent dans le couple". Le sentiment d'une "perte de lien", d'une "perte de connexion" avec la personne qu'on aime qui laisse un goût amer de "vide".
La situation devient compliquée, et c'est l'objet du livre de Christophe Fauré, "quand ce sentiment est presque constant : les semaines, les mois, les années passent et on reste tout le temps là-dedans". Il y a alors "un oubli de la relation et de l'autre". Pour le psychiatre, "si on n'est pas vigilant, soyons clair, il y a de grandes chances pour qu'on aille vers une séparation".
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