Noël : l’occasion de retrouvailles en famille pour partager la joie et les cadeaux. Sauf que pour les parents séparés, l’ambiance ne sera pas forcément à la fête, faute d’enfants le jour J. Comment passer cette période le plus sereinement possible ? Comment réinventer un peu de magie en tant que parent solo ? Des pistes avec Marie Costa, coach parental certifiée et Noémie Khenkine-Sonigo, ancienne avocate en droit de la famille et fondatrice de l'application Team'Parent
D'abord, chez qui passer Noël : que dit la loi ? "La loi ne dit rien !" souligne Noémie Khenkine –Sonigo. "Elle précise simplement que dans le cadre de la co parentalité, les deux parents doivent se mettre d’accord dans l’intérêt de l’enfant." A partir de là, toutes les solutions sont possibles : une alternance chaque année ou le 24 au soir chez l’un et le 25 chez l’autre.
Mais l’entente peut être difficile. D’où le conseil d’établir une convention parentale entre les deux ex conjoints, suite à un coaching parental ou une médiation familiale. "C'est un contrat" précise l’ancienne avocate, "où vont être indiqués le planning de résidence de l’enfant, les pensions, les modalités de répartition des vacances. Et je recommande toujours de la faire homologuer par le juge, ce qui lui donne la force d’une décision de justice. » Une base qui servira de référence en cas de difficultés d’application.
Noël, une période où se cristallisent souvent les tensions. Car c’est toute une symbolique qui entoure cette fête. "Le sapin, la bûche aux marrons, les enfants mignons qui déballent les cadeaux. Et quand on est parent solo, surtout la première année, on est bien loin de cette image d’Épinal." analyse Marie Costa. "On va se retrouver sans enfants, sans ses repères d’antan, ces souvenirs heureux de la petite enfance. On n’a plus cet émerveillement. Et c’est le blues, la solitude avec, pour couronner le tout, la réception de SMS vous souhaitant un joyeux Noël !".
Une pression qu’on peut aussi subir, même en ayant ses enfants avec soi. Car Noël, "C’est aussi toute une organisation », difficile à gérer déjà en temps ordinaire, encore plus quand on devra l’assumer sans son conjoint cette fois –ci.
Et l’enfant, que peut-il ressentir à l’approche de cette fête ? Des sentiments divers : tristesse de ne plus vivre comme avant ce temps de fête, colère face à des parents divisés, incapables de se réunir pour lui. Et aussi culpabilité de laisser maman ou papa seul, pendant que lui sera entouré. Comment faire face ? Un maître mot : rassurer. D’abord en expliquant plusieurs semaines à l’avance où sera l’enfant, quand et avec qui. Et puis "Verbaliser" souligne la fondatrice de Team'parent. "Dire à son enfant, je souhaite, voire même, je t’autorise à être heureux chez Papa ou maman."
Ce que confirme Marie Costa : "L’enfant a le droit de s’amuser chez l’autre parent. Donc rester positif, essayer de ne pas montrer sa tristesse et se détacher de la date : tant pis si ce n’est pas le 24. On peut très bien faire une ambiance chocolat chaud, musique et sapin de Noël qui clignote la semaine suivante !"
Noël, c’est aussi la distribution des cadeaux. Quels pièges à éviter ? D’abord éviter la surenchère. "Souvent, on se dit, l’enfant a vécu des moments difficiles." estime Marie Costa "Donc je vais réparer en gâtant davantage. Et puis je dois en faire plus que mon ex, sinon l’enfant va penser qu’il aimera plus papa que maman. Il ne faut donc pas comparer la valeur des cadeaux avec le niveau d’amour."
Une position que partage Noémie Khenkine-Sonigo. "Ca me fait penser à une famille que j’accompagne où les enfants ont dit : on a un papa carte bleue. Or nous, ce qu’on préfère, c’est qu’il passe plus de temps avec nous." Une solution pour rester raisonnable : couper la liste de cadeaux en deux et se les répartir en fonction de ses moyens. Car, rappelle aussi Marie Costa "Une séparation implique souvent une perte de revenus." Pas nécessaire en plus de s'endetter !
Reste que Noël, c’est souvent un appel à faire une trêve et ranger ses divisions. Faut-il pour autant se remettre en couple à cette occasion, pour faire plaisir à l’enfant ? "Une fausse bonne idée" pour Marie Costa. "Si on s’entend bien, pourquoi pas ? Le problème, surtout la première année, c’est que certains enfants peuvent imaginer que ses parents vont revenir ensemble. Donc, bien leur annoncer que c’est exceptionnel et surtout ne pas ressortir les vieux dossiers et éclater de colère au pied du sapin."
Une opinion partagée par Noémie Khenkine Sonigo. "Les enfants ont besoin de clarté et de visibilité, pas d’ambigüité, notamment après l’annonce d'une séparation. Mais si par la suite, ça reste une tradition familiale, bien expliquée, montrant qu’on reste une famille même séparée, ça peut être une bonne chose." Et le plus beau des cadeaux !
A suivre aussi dans cette émission :
Pour aller plus loin :
"Parents séparés et épanouis : pour une famille heureuse, cheminer vers une coparentalité sereine" par Marie Costa, coach parentale certifiée. De l’annonce de la séparation à la façon de se réorganiser, une mine de conseils concrets et d’outils pratiques pour affronter cette nouvelle page de vie pas forcément choisie. Editions Mardaga – 2024
Team'Parent : Lancée il y a deux ans, une application gratuite d’accès au droit et de soutien pour parents séparés et solos. Au menu : toute une série d’infos juridiques comme savoir ce qu’est un divorce par consentement mutuel, des outils pour vous aider dans la gestion du quotidien, calculer votre pension alimentaire, la possibilité de créer une communauté de parents solos pour échanger vos expériences, des podcasts de témoignages et un espace pro pour consulter des experts. Toutes les infos sur https://www.teamparents-app.com/
Cette émission interactive de deux heures présentée par Melchior Gormand est une invitation à la réflexion et à l’action. Une heure pour réfléchir et prendre du recul sur l’actualité avec des invités interviewés par Véronique Alzieu, Pauline de Torsiac, Stéphanie Gallet, Madeleine Vatel et Vincent Belotti. Une heure pour agir, avec les témoignages d’acteurs de terrain pour se mettre en mouvement et s’engager dans la construction du monde de demain.
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