Sandrine Broutin de la Fondation Falret nous parle de l’influence des idées reçues en santé mentale.
Il y a en effet beaucoup d’idées reçues autour de la santé mentale, mais il y en a aussi pour chaque trouble psychique, et par extension, pour les personnes qui vivent avec ces maladies. Pour faire simple, la plupart du temps, les personnes sont réduites à leur maladie. L’environnement a tendance à adopter des croyances et des jugements, généralement négatifs, en fonction de la maladie et non de la personne. On appelle ces opinions partagées au sein de la population des stéréotypes. On cultive par exemple l’idée que les dépressifs sont faibles ou que si l’on fait un burnout, et bien c’est qu’on est fragile, ou pas assez endurant professionnellement.
Prenons un exemple en milieu professionnel. Une personne découvre que son futur collègue souffre de troubles bipolaires. Comme nous tous, elle a été nourrie de représentations culturelles et sociales qui portent à croire que les personnes touchées par des troubles bipolaires, du fait de la nature fluctuante de leurs symptômes, sont instables, pas fiables. Or, l’image qu’elle en a, les mots et les attitudes qu’elle va adopter avec ce futur collègue en fonction de ce stéréotype, tout cela aura une influence avec des conséquences très réelles.
En raison de ses représentations, la personne va se faire une opinion de son collègue avant même de le connaître. Elle va le concevoir comme ingérable, se dire qu’elle ne peut pas lui faire confiance à cause de sa maladie. Ses préjugés l’amènent à refuser toute collaboration, ou en tout cas, y être hostile. Non seulement ce futur collègue aura du mal à créer du lien et à établir des relations professionnelles efficaces, mais en plus, il va se mettre à penser qu’il n’est pas à la hauteur, croire qu’il n’est pas capable de travailler.
Ce stéréotype sur les personnes bipolaires, ou vivant avec n’importe quel autre trouble psychique, vient en renforcer un autre qui est que ces personnes ne pourraient pas travailler. Ce qui est faux bien-sûr. Ce qui fait barrière, ce sont justement ces représentations. C’est bien pour ça qu’il faut que les entreprises soient mieux accompagnées dans l’accueil des personnes en situation de souffrance ou de handicap psychique. Et aussi que les expériences réussies soient valorisées.
Pour changer nos regards, rien ne remplace une vraie rencontre ! Car pour déconstruire nos préjugés, il faut se donner l’opportunité, la chance même, de rencontrer les personnes qui sont directement concernées pour les entendre et apprendre d’elles. Grâce à leurs témoignages, à la narration de leurs expériences, elles rendent la maladie plus compréhensible, elles donnent espoir en montrant les possibles du rétablissement et d’une vie avec les autres. En découvrant leurs visages et leurs voix, elles nous invitent à ne plus les réduire à leur seule maladie, à leur handicap. Notre attitude change, moins d’idées reçues, plus d’empathie.
C’est notre changement de regard sur la fragilité qui peut contribuer à faire reculer la stigmatisation.
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