L'activité physique serait-elle le bon antidote pour nos maux du XXIe siècle ? Dans une société où l'on est de plus en plus sédentaire, on redécouvre les vertus du mouvement. Marcher, se tenir debout, danser... Même sans parler de sport, d'endurance ou de haute intensité, le simple fait de bouger a des effets positifs sur la santé mentale, et la santé tout court.
L’activité physique et sportive a été déclarée Grande cause nationale 2024, en cette année des Jeux olympiques et paralympiques de Paris. Mais au-delà de l'événement sportif, il s'agit de mettre en avant les bienfaits de l'activité physique dans une société où l'on est de plus en plus sédentaire. Prévention des pathologies chroniques et des affections longue durée comme le cancer, le diabète, l'obésité, les maladies neurodégénératives et psychiatriques. L'activité physique serait-elle le bon antidote pour les maux du XXIe siècle ?
Selon certaines études, un programme d’activité physique pourrait avoir la même efficacité voire une efficacité 1,5 fois supérieure à celle d’un antidépresseur et d’un soutien psychologique. Ce que confirme Mélanie Eichelberger, enseignante en activité physique adaptée. Cependant, il ne s’agit pas d’arrêter tout traitement et pour ne faire que du sport. "On n’arrête pas tout traitement, on n’arrête pas tout soutien psychologique. C’est à étudier avec ses médecins, à faire le point." Dans certains cas, pour des "troubles dépressifs mineurs", l’activité physique peut même être considérée à elle seule comme un traitement.
Cela démontre une fois de plus les bienfaits de l’activité physique sur la santé mentale. Ce qui n’est pas négligeable, quand on sait qu’en France, deux à trois millions de personnes sont touchées par un épisode dépressif chaque année. "Les hôpitaux psychiatriques embauchent de plus en plus d’enseignants en activité physique adaptée." Mélanie Eichelberger précise que l’activité physique est considérée comme une "intervention non médicamenteuse" et peut être préconisée dans le cas d’un trouble dépressif, même si celui-ci est le symptôme d’une autre pathologie.
L’activité physique, c’est tout ce qui permet de "dépasser la dépense énergétique qu’on a lorsqu’on est assis", résume Mélanie Eichelberger. Marcher, faire le ménage, danser et bien évidemment faire du sport. Le sport qui fait partie de l’activité physique mais qui a ceci de spécifique que c’est une activité "codifiée, avec de gestes techniques".
Enjeu de santé mentale mais aussi de santé tout court : il faut limiter les effets de la sédentarité. Être assis en voiture ou dans les moyens de transport pour aller travailler, être assis devant son bureau toute la journée, être assis sur son canapé le soir : cela augmente les risques de développer des maladies cardiovasculaires, du diabète et de l’obésité et favorise même l’apparition de certains cancers.
La sédentarité, c’est-à-dire "le temps que l’on passe en position assise ou allongée dans la journée, en dehors des temps de sommeil", résume Mélanie Eichelberger, augmente aussi l’anxiété, la dépression, "la perte de concentration liée à l’utilisation des écrans de plus en plus importante".
À l’inverse, les bienfaits de l’activité physique sur la santé mentale, "cela fait des années" qu’on les connaît, rappelle Mélanie Eichelberger. Aujourd’hui, on parle de « bienfaits bio-psycho-socio » associés à l’activité physique. "L’activité physique en général est pratiquée de manière collective, dans les espaces publics, on crée un lien social avec des personnes qui ont la même activité que nous, qui bougent au même moment", explique l’enseignante. Elle ajoute par ailleurs que "notre bonne humeur serait apparemment plus rapidement stimulée dans la nature" plutôt qu'en intérieur.
Selon l’intensité avec laquelle elle est pratiquée, et sa régularité, l’activité physique diminue le cortisol, "l’hormone du stress". Elle stimule la sécrétion de sérotonine, de dopamine et d’endorphine. Les endorphines, ce sont ces hormones que l’on ressent en général juste après avoir fait un effort physique intense, quand on éprouve un sentiment d’euphorie et de bien-être. Sur la durée, l’activité physique améliore aussi notre estime de soi - "le fameux : Je suis capable" - nous dit Mélanie Eichelberger.
Peu importe l’activité si elle est pratiquée avec plaisir
Pratiquer 30 minutes d’activité physique modérée à élever au moins cinq jours par semaine en évitant de rester deux jours consécutifs sans pratiquer : c’est ce que recommande l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail). "Ça me paraît vraiment compliqué à intégrer", commente Mélanie Eichelberger. Le risque, selon elle, est de "créer de la frustration" chez ceux qui n’arriveraient pas à atteindre cet objectif.
L’enseignante en activité physique adaptée invite donc à "se détacher" des chiffres et rappelle que dans le Programme national nutrition santé (PNNS), "on va plutôt être dans la notion d’augmenter son temps d’activité et de diminuer son temps de sédentarité". Cela passe par des choses simples comme limiter l’usage de la voiture ou se garer un peu plus loin que d’habitude, descendre une station de métro avant ou prendre l’escalier plutôt que l’ascenseur… Privilégier autant que possible la station debout, car "quand on est debout, la dépense énergétique est supérieure que lorsqu’on est assis".
Le credo de Mélanie Eichelberger est de "prioriser le plaisir". Si on n’aime pas la course à pied, on peut bouger autrement. "Peu importe l’activité si elle est pratiquée avec plaisir." Cela donnera envie de s’y remettre et d’avoir une pratique régulière.
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