Il existe de nombreuses façons de cheminer pour demander pardon. L’écrivain et essayiste en développement personnel Olivier Clerc rappelle que le chemin commence d’abord par un travail sur soi-même. Une fois ce travail accompli, il s’agit de trouver la voie la plus adaptée pour que le pardon puisse se faire en paix.
Dans "Peut-on tout pardonner ?" (éd. Eyrolles), Olivier Clerc s’intéresse aux différents visages du pardon et aux voies pour y accéder. Ce spécialiste en développement personnel évoque et s’inspire de plusieurs méthodes, parmi lesquelles les "Neuf étapes du pardon" ou le "pardon radical".
"Fred Luskin, c’est Monsieur Pardon aux États-Unis". Chercheur à l’université de Stanford, Fred Luskin se distingue par son "étude du pardon comme un objet de recherche, avec des données scientifiques et une ouverture très large sur les différentes approches".
Pour le chercheur, chacun crée un récit à partir de l'événement à partir duquel il doit (se faire) pardonner. "C’est un récit de doléance auquel on s’identifie", explique Olivier Clerc, qui estime que l’on "devient l’histoire que l'on raconte". A force de raconter cette histoire, justement, on néglige la réalité première. Pour l’intervenant comme pour le chercheur américain, "le temps modèle notre vision des choses et il faut apprendre à prendre du recul sur ce qu’on a vécu", sans déformer la réalité. Prendre du recul par rapport à un événement vécu peut permettre de le transformer en "une bénédiction cachée".
Fred Luskin invite ainsi à prendre conscience du récit et à s’en détacher. "Ce qui cimente nos histoires, ce sont nos émotions", schématise Olivier Clerc. Pour lui, il faut renoncer aux "ciments de la haine, de la tristesse ou du chagrin pour ne pas s’enfermer sur nous-mêmes". Pardonner, en fait, c’est renaître en mettant à distance les récits.
Les travaux de Fred Luskin montrent aussi que les personnes qui ne pardonnent pas développent un éventail de pathologies, parmi lesquelles des maux de ventre ou de dos. "Leur espérance de vie est réduite d’environ cinq ans", affirme Olivier Clerc. Pardonner, donc, c’est lâcher prise et se "libérer de la rancune". Dans le cas contraire, on "garde en soi des poisons. Ce qui ne s’exprime pas s’imprime dans le corps". Et s’il est plus facile à certains de pardonner qu'à d’autres, Olivier Clerc estime que le pardon peut être enseigné : "c’est comme à l’école : certains sont plus forts en maths, d’autres en français, pourtant beaucoup obtiennent le baccalauréat à la fin".
"Le mot radical vient du latin et signifie "racine". Le pardon radical, c’est aller à la racine même du problème", explique Olivier Clerc. Pour lui, c’est ce qui fait la particularité de cette approche.
L’anglais Colin Tipping questionne : "et si tout ce qui arrivait était juste ? Et s’il n’y avait rien à pardonner car rien n’était injuste ?". Ce coach en développement personnel a beaucoup travaillé avec des personnes en fin de vie. "Face à l’échéance de la mort prochaine, ils veulent souvent expérimenter le pardon dans sa totalité", souligne Olivier Clerc. En fin de vie, "tout lâche : on touche à un tel niveau d’amour et d’inclusion que l’on n’arrive plus à trouver quelque chose à juger".
"Ça peut paraître dur mais ça peut ouvrir des portes insoupçonnées", souligne Olivier Clerc quant au pardon radical. Colin Tipping aurait ainsi aidé des milliers de personnes à se réconcilier avec leur vie : "il leur a permis de mourir en paix". Et de rappeler que sur leur lit de mort, de nombreuses personnes "s’ouvrent un espace de liberté intérieure" et expérimentent la cérémonie du pardon radical.
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