Nicolas Goharan est un expert Sommeil à la Fondation Jean Jaurès. Diplômé de Sciences-Po Rennes, il travaille sur l’importance de l’entretien d’un bon cycle de sommeil. Nicolas Goharan s’est penché sur le sujet en découvrant que ce sujet assez obscur tourmentait bien du monde. À cette occasion, il organise une conférence le 12 novembre à la Maison Familya à Nancy.
Nicolas Goharan était assistant parlementaire à l’assemblée nationale auprès d’un député de la commission des finances. Il a constaté que les députés étaient épuisés à cause de leurs emplois du temps chargés. Alors que des sujets demandant beaucoup de réflexion sont évoqués à l’assemblée nationale, les députés somnolaient, dépassés par la fatigue. Nicolas Goharan nous partage alors son indignation quant à la négligence que l’Etat porte au sommeil. De nombreux groupes d’études sont mis en place, mais aucun n'aborde l’importance d’une nuit reposante. “Alors que le sujet est pourtant partout”, s’indigne Nicolas Goharan.
Pendant son travail sur le sommeil, Nicolas Goharan a ouvert une boutique éphémère en région parisienne. Il y vendait des draps, des réveils, des matelas, et d’autres produits qu’il résume comme étant “l’essentiel du sommeil”. De par cette expérience, Nicolas Goharan a réalisé qu’il y avait beaucoup de personnes qui souffraient du manque de sommeil, mais qui ne savaient pas à qui s’adresser pour y remédier : “On sentait vraiment une quête, pour certains, vers le sommeil”, dit-il. Isabelle Henrot épaule Nicolas Goharan lors de la conférence du 12 novembre à Nancy. Elle partage son regret concernant le manque de sérieux dédié au sommeil : “Comme l’alimentation, c’est une question familiale de premier plan”, affirme-t-elle.
À l’instar de notre société, les cycles de sommeil ont connu une évolution jusqu’à nos jours. En effet, d’après Nicolas Goharan, il était normal, dans les années 30, de se réveiller à 3 h du matin et d’être actif. Aller s’occuper du bétail, jouer aux cartes étaient des activités adaptées à ces heures tardives : on parle alors de plusieurs cycles du sommeil. Le premier pouvait s’achever à trois heures du matin et le second pouvait démarrer avant 6 h du matin. De nos jours, on ne parle que d’un seul cycle de sommeil pouvant être éventuellement interrompu. Mais cette coupure ne durait que quelques instants avant que le cycle ne reprenne son cours : “C’est assez naturel de se réveiller la nuit”, assure-t-il. Si notre façon de dormir a changé, les traitements associés aux problèmes de sommeil ont également évolué. En effet, bien que Nicolas Goharan estime que le sommeil n’est pas suffisamment abordé en école de médecine, il reconnaît néanmoins que des solutions sont mises en place, notamment pour l’apnée du sommeil. Cette pathologie populaire peut s’arranger en portant un masque qui facilite le repos chez les personnes concernées. Même si ces problèmes liés au sommeil sont encore dans l’ombre, des solutions commencent à émerger.
Le sommeil est un sujet complexe et qu’il ne faut pas prendre à la légère. Mais alors comment bénéficier d’un sommeil reposant et efficace ? Nicolas Goharan a publié un livre intitulé “Le sommeil malmené, comment retrouver le goût de la nuit “. Dans son ouvrage, il explique diverses méthodologies pouvant répondre au besoin d’un sommeil réparateur. Parmi les solutions proposées se trouve la formule des 7B : sept éléments perturbateurs à éviter pour un endormissement rapide et efficace. Le bruit, la lumière bleue, l’abus de somnifères, les nuits blanches, et la chaleur sont donc les pires ennemis du sommeil réparateur. Isabelle Henrot a souhaité ajouter un 8ème B à la liste avec le mot “Bizzbee”. Ce mot signifie qu’il est préférable d'apaiser toutes tensions avant de démarrer son cycle de sommeil.
Le sommeil occupe une grande place dans l’éducation des enfants. On se souvient tous de la frustration ressentie lorsque nos parents nous disaient d’aller dormir à une heure précise. D'ailleurs, ce fonctionnement fait débat dans le monde éducatif. Isabelle Henrot a constaté que la nouvelle génération est favorable à ce qu’elle appelle “la parentalité positive” qui consiste à laisser l’enfant décider de son heure de coucher. Un mauvais cycle de sommeil peut avoir des répercussions sur les résultats scolaires de l’enfant. Isabelle Henrot s’est alors penchée sur la question et a constaté que les journées plus légères et mieux réparties pourraient être plus efficaces que le système scolaire français actuel. Elle prend exemple sur les québécois qui vont à l’école tous les jours de la semaine de 9h à 15h. Pourquoi ne pas instaurer ce rythme en France ? Nicolas Goharan pense qu’il serait difficile de décaler les heures de cours des élèves à cause des horaires de travail des parents. Le sommeil, aussi complexe soit-il, est un sujet à prendre plus en considération dans notre société : c’est ce que présentera Nicolas Goharan lors de sa conférence.
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