Nathalie Encinas - S’accorder du temps avec son bébé
En partenariat avec 1001mots
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Dans mon entourage, il y a deux petits garçons de un an et trois ans dont la mère est française et le père américain. Ils ont décidé très naturellement de les élever en français et en anglais. Leur père leur parle en anglais, leur mère en français. Le petit défi, c’est qu’ils vivent en France et donc ils ont moins d’occasions d’entendre parler anglais que français. Mais malgré tout ils grandissent avec ces deux langues : l’aîné parle maintenant aussi bien l’anglais que le français. Ces garçons seront bilingues en anglais : beaucoup de parents rêvent de ça pour leurs enfants !
Tout le monde en France voit bien les avantages que ça pourra leur apporter. Mais autour de nous à Paris, il y a beaucoup d’autres bébés qui grandissent bilingues, et pas seulement en anglais. La semaine dernière, je participais à un groupe de parents organisé par notre association 1001mots.
À côté de moi, il y avait une maman venue avec sa petite fille de deux ans. Elle s’exprimait en français, mais avec un fort accent et pas mal de difficultés. En revanche dans sa langue maternelle, elle parlait beaucoup à sa petite fille, d’une façon très riche et attentive. Elle lui parlait en arabe – il se trouve que moi-même, il y a dix ans, j’ai pu apprendre un peu l’arabe lors d’un séjour à Jérusalem. Il m’a semblé que cette dame parlait sans doute l’arabe du Moyen-Orient. À la fin, nous avons discuté : elle s’appelle Nadia, et effectivement elle venait de Damas en Syrie. Avec son mari, ils sont arrivés comme réfugiés au début de la guerre civile en Syrie. Et donc sa petite fille ne parle encore que l’arabe mais elle va bientôt rentrer à l’école maternelle : donc dans quelques mois, très probablement, elle parlera bien le français.
Car elle a eu la chance que ses parents parlent beaucoup avec elle, lui racontent des histoires en arabe : dans cette langue, ils lui donnent la maîtrise du langage. Son cerveau se structure pour maîtriser une syntaxe, acquérir du vocabulaire, etc. Et quand ces compétences sont bien acquises dans une première langue, ensuite c’est très facile pour un enfant de deux ou trois ans d’apprendre une deuxième langue.
Cet enfant aura aussi la chance d’être bilingue. Et Nadia sa mère est fière de lui transmettre ce trésor de parler arabe. Parce qu’elle est fière de ses origines et de sa culture arabe syrienne, même si elle est exilée en France. On la comprend : Damas est une ville avec un passé très prestigieux, bien plus
ancienne que Paris !
Mais en France, tout le monde ne valorise pas autant la langue arabe. Peut-être qu’à l’école certains enseignants lui conseilleront de parler français à son enfant – alors qu’ils n’auraient sans doute pas dit ça à une maman américaine ! On fait tous des hiérarchies implicites entre les langues : c’est très dommage, car le bilinguisme est un choix très personnel pour les parents, et il peut apporter de forts bénéfices à l’enfant.
Chaque semaine, retrouvez Florent de Bodman ou Nathalie Encinas pour décrypter l'actualité touchant à la petite enfance et relayer les actions de 1001mots.
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