Nombreux sont les écrivains qui confient que l’écriture d’un livre les a aidés à surmonter une épreuve. Fort heureusement, cette art-thérapie n’est pas réservée aux auteurs de renom, mais à tout un chacun. Comment l’écriture peut-elle guérir nos blessures et nos traumas ? Nayla Chidiac, docteure en psychopathologie et psychologue clinicienne, spécialiste du trauma et de l’écriture thérapeutique, répond à cette question.
Dans une société où "la capacité de penser est compromise, l’écriture s’avère d’une aide considérable", avance Nayla Chidiac dans son livre "Les Bienfaits de l'écriture, les bienfaits des mots - Un atelier d'écriture" (éd. Odile Jacob, 2022). Pour la psychothérapeute, l’écriture est une "véritable médecine de l’esprit". Comme nous l’évoquions dans le premier volet consacré à ce sujet, l'écriture permet de poser une distance avec les émotions qui nous assaillent pour mieux les analyser et les gérer. "Elle ouvre le chemin qui permet d’avancer mieux et plus loin, de se relever en cas de chute", ajoute la thérapeute.
Cette vertu thérapeutique de l’écriture peut notamment s’observer dans le cas d’un traumatisme psychique, qui survient lorsque l’on est confronté à la mort. "Il y a une fracture de l’espace et du temps, c’est comme s’il y avait une déchirure, explique la spécialiste du trauma, l’écriture va alors tisser pour reboucher ce trou. Elle va venir apaiser, panser, mettre de la distance et du sens, parce que le traumatisme c’est aussi la question du non-sens." En d’autres termes, lorsqu’une personne est confrontée à une dure épreuve, les ateliers d’écriture vont lui permettre de passer de la situation de victime passive, à une position de patient dans l’activité de pensée.
Pour aborder cet exercice d’écriture qui peut se révéler difficile pour certains, Nayla Chidiac s’attache à respecter la temporalité de ses patients. Pour avancer petit à petit vers un "assouplissement psychique", elle leur propose des formes d’écriture diverses telles que la rédaction de listes, de rêves, d’une correspondance imaginaire ou d’un exercice oulipien (technique d’écriture avec une contrainte).
Dans le cadre d’un deuil traumatique, c’est-à-dire la perte brutale d’un proche, l’écriture peut également être salvatrice. "L'écriture va être un mouvement, un balancier entre cette perte et le futur ; elle devient un pont", explique Nayla Chidiac.
Parce qu’elle met "de l’huile sur les pensées rouillées", l’écriture est donc un soin apaisant, recommandé vivement par la spécialiste. Pour s’y adonner, elle suggère de s’accorder 10 minutes par jour, dans un endroit où l’on se sent à l’aise et d’écrire dans un carnet soit ce qui nous vient par la tête, soit ses rêves au saut du lit. On peut aussi tenir un journal des gratitudes dans lequel on écrit ce qui nous a fait sourire dans la journée. Un formidable exercice pour positiver !
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