La mi-janvier signe la fin des fêtes, et avec elle des repas festifs et fastueux. Des huîtres à la galette des rois, du saumon aux bûches de Noël, il n’est pas rare de sortir de table avec la sensation d’avoir trop mangé. Or, il semble que notre alimentation impacte notre santé mentale. Et ce par l’action du microbiote, un ensemble de micro-organismes qui vit dans notre intestin. Ce qui fait dire à certains que l'intestin est notre deuxième cerveau...
Le microbiote survient très tôt dans l’existence : il est transféré de la mère à l’enfant par l’accouchement, puis par l'allaitement. Plus tard, différents facteurs viennent le modifier. Il joue un rôle fondamental dans l'organisme. En participant au dialogue intestin - cerveau, ces bactéries influencent notre système immunitaire et notre comportement. Elles impactent l’humeur, la gestion du stress ou de l’anxiété.
Déjà dans l’Antiquité, les penseurs et les médecins ont étudié ce lien. Conscients que l’humeur était liée à l’alimentation, ils ont développé les préceptes de mélancolie et de bile noire. Celles-ci étaient perçues comme des humeurs pathologiques à part entière. Aristote a étudié les caractères de la mélancolie, concluant que les personnes qui en souffraient étaient véhémentes et intempérantes. "Pour les soigner, il existait de nombreux régimes alimentaires", explique Paul Demont, agrégé de lettres classiques et professeur émérite à la Sorbonne.
Jean-Michel Lecerf nuance. Il est chef du service nutrition de l'Institut Pasteur. Pour lui, il est important de ne "pas réduire notre état psychologique à l’état de notre microbiote". D’autres facteurs interviennent, comme l’hygiène de vie ou le rythme du sommeil. D’ailleurs, diététique vient du latin "dieita" qui veut dire "genre de vie".
L’alimentation nous fait beaucoup de bien, et occupe une place importante dans la régulation de notre humeur. Jean-Michel Lecerf invite à vivre en harmonie avec son corps, mais aussi avec son environnement. De cette harmonie naissent une joie et un bien-être considérables. Ainsi, un bon repas de fête s’accompagne du plaisir de manger, qui met de bonne humeur. C'est le signe que ce qui remplit nos assiettes est important pour aller bien. "Pour moi, un cuisinier est un donneur d’amour". Pour Paul Demont, il y a aussi le plaisir de cuisiner, d’offrir à manger. C’est, même avec un repas simple, transmettre et partager une joie.
"Rien de trop". C’est la phrase gravée sur le temps de l’oracle de Delphes. Paul Demont pointe cette chasse aux excès, déjà présente chez les Grecs. Plus tard, la religion catholique partage la même idée. "L’Église est souvent accusée de condamner la gourmandise", souligne Jean-Michel Lecerf. Si le plaisir de manger n’est pas puni, la gourmandise devient un péché dès qu'elle provoque un repli sur soi, qu'elle coupe le contact avec l’autre.
"Le plaisir alimentaire est pourtant le centre du culte", souligne Claude Demissy. Il est pasteur, théologien, et auteur du livre "Et Dieu créa le bonheur" (éd. Cabedita).Chez les grecs, le repas est une fête dont les dieux sont les invités. Idem chez les chrétiens, qui réservent la graisse de leur viande au créateur. Le vin, lui, est le "symbole de l’alliance entre Dieu et les hommes". Il fait partie des plaisirs de la vie, du culte de la messe. Surtout, il invite à être co-créateur, et prouve que l’homme peut magnifier la création de Dieu.
Cette émission interactive de deux heures présentée par Melchior Gormand est une invitation à la réflexion et à l’action. Une heure pour réfléchir et prendre du recul sur l’actualité avec des invités interviewés par Véronique Alzieu, Pauline de Torsiac, Stéphanie Gallet, Madeleine Vatel et Vincent Belotti. Une heure pour agir, avec les témoignages d’acteurs de terrain pour se mettre en mouvement et s’engager dans la construction du monde de demain.
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