Mensonges, mutisme, manipulation, intimidation, autoritarisme... Les violences sournoises sont souvent difficiles à repérer. Un regard, un silence, une parole blessante : c'est au sein de la famille, premier lieu de socialisation, qu'elles s'exercent le plus. Et bien souvent, l’histoire se répète de génération en génération. Comment identifier ces violences et s’en défaire ? Réponses d’Isabelle Levert, psychologue clinicienne et psychothérapeute, auteure du livre "Les Violences sournoises dans la famille" (éd. Robert Laffont, 2016).
Mensonges, mutisme, manipulation, délire de jalousie d’un conjoint, intimidation, autoritarisme… La violence est dite "sournoise" quand elle n’est pas physique. Pour Isabelle Levert, la violence, c’est "toute action qui porte atteinte par sa répétition ou sa gravité à la dignité ou à l’intégrité physique ou psychique d’une personne".
Quand un mari dit à son épouse : "Cette sculpture, c’est comme toi, ça sert à rien". Quand un parent dit à son enfant : "Je ne t’ai pas sonné, tu parleras quand je te le dirai" ou "Ne fais pas ça, tu sais pas faire, tu vas tout casser" ou encore "Dégage, tu es la pire erreur de ma vie !" Quand une belle-mère dit à sa belle-fille : "Je peux être ta meilleure amie comme ta pire ennemie"
Les violences sournoises, on en est victime lorsqu’on se sent utilisé par l’autre comme un objet, quand l’autre est charmant en public et se montre odieux en privé, ou encore face à quelqu’un qui n’entend aucune autre vérité que la sienne… Les exemples sont nombreux. Cette violence se manifeste par une parole, une attitude, un regard, une négligence. "Une intentionnalité malveillante peut passer inaperçue : soit parce que motivation réelle de l’auteur est dissimulée soit parce qu’elle demeure inconsciente pour lui."
Après "Les Violences sournoises dans le couple" en 2011, Isabelle Levert s’est intéressée aux violences dans le cercle de la famille. Elle a pu constater chez ses patients victimes de violence ce qu’elle appelle "l’habituation à l’empiètement". "Systématiquement, je retrouvais dans l’histoire de vie de ces personnes des violences subies pendant leur enfance." Ainsi, peut se transmettre, sur trois voire quatre générations "un scénario de violence".
Les mythomanes, les personnalités paranoïaques, les pervers narcissiques, les individus atteints de névroses obsessionnelles… Bien souvent, ces personnes ont elles-mêmes subi des violences sournoises dans leur enfance. "Dans les violences sournoises ce que l’on va retrouver c’est un mode d’être en relation qui est distordu, c’est-à-dire une façon folle d’être au monde, en relation avec les autres."
Dans son livre, Isabelle Levert décrit cinq types de parents auteurs de violences sournoises :
- "La mère Zombie", une figure parentale psychiquement indisponible pour son enfant ;
- "La mère Gorgone", si l'enfant ne se sent pas aimé en tant que personne, il a tendance à se tourner l'autre pour les services que l'autre peut lui rendre.
- "La mère Folcoche", une personnalité perverse qui tire plaisir à humilier et vexer son enfant ;
- "Le père Fantoche", des hommes castrés de leur masculin, effacés, qui ne défendent pas leur progéniture ;
- "Le père Pinochet", qui veut tout régenter et faire une crise quand il pense qu'on lui manque de déférence.
Pour ceux dont les parents sont auteurs de ces violences, le risque est "grand" de reproduire ces violences. Il est d'autant plus grand dans le cas de violences sournoises, car celles-ci sont plus difficiles à repérer que les violences physiques.
Suivez l’actualité nationale et régionale chaque jour
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !