Parfois l’anxiété prend aux tripes. Le syndrome de l’intestin irritable affecterait 5%, des Français. Quels liens entre nos émotions et le tube digestif ? Pourquoi dit-on que l'intestin est notre deuxième cerveau ? Réponses du Professeur Bruno Bonaz, gastro-entérologue, spécialiste des relations cerveau-tube digestif, membre du Grenoble institut des neurosciences.
Le syndrome de l’intestin irritable affecterait plus de 5% des Français. Autrefois nommé colopathie fonctionnelle, il se traduit par des troubles du transit et des douleurs abdominales. "On sait que le stress est un booster, peut déclencher et peut entretenir le syndrome de l'intestin irritable", nous dit le Pr Bruno Bonaz, gastro-entérologue, spécialiste des relations cerveau-tube digestif, membre du Grenoble institut des neurosciences.
L'hypnose, la relaxation ou la sophrologie, qui aident à gérer le stress, sont des pratiques conseillées pour les personnes souffrant du syndrome de l'intestin irritable. "Après je dis aux gens : ça peut être je chante, le cours, je danse, je fais quelque chose où je suis bien dans ma tête, conseille Bruno Bonaz, si je suis bien dans ma tête, je suis bien dans mon corps et inversement." Il existe cependant des maladies inflammatoires chroniques de l'intestin : où le stress entretien une inflammation qui elle-même entretient le stress...
Ce n’est pas qu’une formule, on a bien "un deuxième cerveau", confirme le Pr Bruno Bonaz. On sait désormais que l’intestin abrite un nombre impressionnant de neurones, et qu’il échange en permanence avec le cerveau. "Vous avez autant de neurones dans le tube digestif, dans ce que l’on appelle le système nerveux intrinsèque ou système nerveux entérique, que dans la moelle." Le gastro-entérologue explique que si l’on extrait un petit bout d’intestin, celui-ci va continuer à se contracter durant quelques instants. On dit qu’il est capable d’autonomie, de la même façon que le cœur qui "continue à battre si on le sort de la poitrine".
Selon les émotions que l'on éprouve, elles peuvent avoir un impact sur le tube digestif, "et inversement", souligne le gastro-entérologue. En effet, "le nerf vague contient 80% de fibres afférentes, qui partent du tube digestif et qui informent le cerveau, et 20% de fibres efférentes, qui partent du cerveau ; pour le nerf sympathique, c'est 50 /50", nous dit Bruno Bonaz.
Ainsi, le stress a des effets sur le tube digestif. Le Pr Bruno Bonaz résume ainsi ses impacts : "Il inhibe la vidange de l’estomac, ralenti le transit de l’intestin grêle, accélère le transit du côlon et le fait sécréter, il baisse le seuil de sensibilité à la douleur, augmente la perméabilité intestinale, modifie le microbiote et l’immunité..." Reste que le stress n'est pas entièrement mauvais - il existe mauvais et un bon stress, qui, à bien des égards, nous aide à vivre.
À l'inverse, le tube digestif est capable de produire par exemple l'hormone du bonheur, la sérotonine, appelée ainsi car elle joue le rôle d'un antidépresseur. "En fait on trouve dans le tube digestif toutes les peptides, des petites protéines, qui existent dans le cerveau."
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