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Qu'est-ce qu'une bonne alliance parentale ?

RCF, le 17 janvier 2024 - Modifié le 18 janvier 2024
Voyage IntérieurCo-parents, ça s'apprend !

La création d'un congé de naissance pour les deux parents, annoncée par Emmanuel Macron, va-t-elle favoriser l'alliance parentale ? À l'heure où on ne parle plus de chef de famille mais d'autorité partagée, le pédopsychiatre Antoine Guedeney rappelle quels sont les besoins de l'enfant.

Aujourd'hui, le rôle du père est "moins simple" à définir que celui de la mère : "C’est à chaque couple, à chaque père, de le déterminer." ©FreepikAujourd'hui, le rôle du père est "moins simple" à définir que celui de la mère : "C’est à chaque couple, à chaque père, de le déterminer." ©Freepik

 

Emmanuel Macron a annoncé la création d'un "congé de naissance" de six mois pour les deux parents, ce mardi 16 janvier lors d’une conférence de presse. Un "congé mieux rémunéré, plus court", a précisé le président de la République, et qui "permettra aux deux parents d'être auprès de leur enfant pendant six mois s'ils le souhaitent". Cette mesure est destinée à relancer la natalité, alors que le nombre de naissances n’a jamais été aussi bas en France depuis la Seconde Guerre mondiale. En attendant que la courbe s'inverse, le congé de naissance va-t-il favoriser l’alliance parentale ? Mais qu’est-ce que l’alliance parentale ? Réponses du pédopsychiatre Antoine Guedeney.

Qu’est-ce qu’une bonne alliance parentale ?

"Ce dont l’enfant a besoin, estime Antoine Guedeney, c’est de sentir qu’il est la priorité pour ses parents et que les choses vont s’arranger autour de lui ou d’elle, et autour de ses besoins." Un des besoins de l’enfant c’est notamment que ses parents soient unis. Le pédopsychiatre encourage tout ce qui favorise une bonne alliance parentale. 

Une bonne alliance parentale, ce n’est pas nécessairement synonyme de stricte égalité entre les parents. Pour Antoine Guedeney, les jeunes couples "sont un peu trop pris dans un souci d’égalité". Or, "les enfants, ils n’ont pas besoin d’une répartition égale. Ils ont besoin de quelqu’un qui est heureux de faire ce qu’ils font avec eux."

Autre besoin de l’enfant : le rituel. "Ils ont besoin que les choses se répètent, la base de la sécurité c’est la répétition." Répétition qui ne doit donc pas être sacrifiée au nom de l’égalité entre les deux parents, sous-entend le pédopsychiatre. 

Aider les parents... et les enfants

Pourquoi a-t-on de moins en moins d’enfants en France ? Est-ce plus difficile d'éduquer un enfant aujourd'hui ? Pour le pédopsychiatre Antoine Guedeney, beaucoup de jeunes parents se sentent isolés. "Il faut beaucoup de support social pour élever un enfant et ce support social, je l’ai vu diminuer de façon dramatique." Président honoraire de l’association de santé mentale des nourrissons, ancien responsable du service de pédopsychiatrie à l’hôpital Bichat, Antoine Guedeney a vu exploser le nombre de parents "qui pètent les plombs, comme on dit".

D'un autre côté, on connaît mieux aujourd'hui les besoins des enfants dans les premiers jours de leur vie. Comme le décrit Antoine Guedeney, dès le début de leur vie, "les bébés humains sont archi doués pour commencer la relation à l’autre…" D'où l'importance de permettre aux deux parents d'être présents auprès du tout-petit. 

 

→ À LIRE : Les 1000 premiers jours de vie sont-ils vraiment décisifs ?

 

Le rôle des pères en question

En se penchant sur le rôle des pères, Antoine Guedeney plaide pour une alliance entre coparents. Dans son livre "Du bon usage des pères - Petit guide de l'alliance entre parents" (éd. Odile Jacob, 2023), il s’appuie sur son expérience "d’homme, de père et de pédopsychiatre". Trente années d’accompagnement des enfants et de leurs parents. "J’ai pu voir comment fonctionnait plus ou moins bien le couple parental et comment ça favorise le développement des enfants, ou parfois pas."

Pourquoi insister sur le rôle du père ? Si celui de la mère a quelque chose "d’évident", "le rôle du père, c’est moins simple". Dans la société actuelle, il n’est plus tout à fait le chef de famille, on parle plus "d’autorité partagée". "Le rôle du père, au fond, c’est celui qu’il se donne, celui que l’autre vous permet d’avoir ou exige que vous ayez… C’est à chaque couple, à chaque père, de le déterminer."

Quand il parle de "bon usage des pères", dans le titre de son livre, Antoine Guedeney entend questionner les mères : "Comment, quand on est une femme, une mère, bien se servir de l’autre parent." Le pédopsychiatre a pu observer "qu’il y a des mères qui se plaignent tout le temps du père de l’enfant et qui ne leur laisse pas de place, ça, ça existe. Et puis il y a des pères qui se laissent marginaliser et ça, c’est vraiment dur pour leur enfant."

 

Au fond, que les parents soient heureux ou malheureux en couple, c’est leur affaire, ça ne regarde pas vraiment leur enfant

Quand l’amour au sein du couple disparaît, que devient l’alliance parentale ? 

Au risque de surprendre, Antoine Guedeney plaide pour que les parents "restent ensemble pour les enfants". Car "les enfants détestent la séparation". "Il ne faut pas se séparer sans raison sérieuse, estime le pédopsychiatre. Au fond, que les parents soient heureux ou malheureux en couple, c’est leur affaire, ça ne regarde pas vraiment leur enfant." Toutefois, même après une séparation, les parents peuvent maintenir l’alliance parentale stable. C’est d’ailleurs ce qui se produit "dans pas mal de couples", observe Antoine Guedeney.

En revanche, quand les violences – "physiques évidemment mais aussi verbales" - s’immiscent dans le couple, pour les enfants "c’est la cata", observe le pédopsychiatre. "S’engueuler devant les enfants c’est les mettre dans une situation sans issue parce ça augmente brutalement leur anxiété, leur crainte de séparation..."

©RCF
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
Voyage Intérieur
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