On a tous déjà eu un comportement passif-agressif. Une colère rentrée, une attitude hostile, des propos acerbes... Quand on n'ose pas exprimer un désaccord ou s'affirmer soi-même, on en vient parfois à donner des signes d'une agressivité mal contenue. On en parle avec Isabelle Levert, auteure de "Les différents visages des passifs agressifs" (éd. Guy Trédaniel, 2021).
"Il n’y a pas de personnalité passive-agressive." La passivité agressive désigne un ensemble de comportements. "Cette modalité relationnelle peut apparaître dans différents contextes, problématique ou troubles de la personnalité", explique Isabelle Levert. Cela peut aller d’un comportement à l’intensité légère jusqu’à "des manœuvres utilisées pour dominer ou nuire à autrui".
Souvent, on devient passif-agressif quand on n’ose pas dire qu’une situation ne nous convient pas. La passivité agressive intervient lorsque l’on ne parvient pas à être assertif. "L’assertion c’est une capacité à exprimer ses besoins, ses désirs, ses envies, sans nuire à autrui", rappelle la thérapeute.
Parmi les signes qui démontrent un comportement passif-agressif, il y a : prononcer formules insidieuses, dire des choses par des voies détournées, en catimini, voire carrément se taire, ne plus adresser la parole à quelqu’un… De manière plus démonstrative c’est partir en claquant la porte, tourner les talons en plein milieu d’une discussion, faire comme si on n’avait pas entendu la question, répondre à côté, manier la langue de bois, etc.
Les passifs-agressifs ont en commun une façon de composer avec une agressivité en eux. "L’agressivité n’est pas une mauvaise chose en soi, exprime Isabelle Levert, elle peut être une force de vie, une énergie pour avancer, pour s’affirmer, mener à bien une entreprise." Mais chez certaines personnes elle peut n’être pas assumée : elle fait l’objet d’inhibition, on se place soi-même dans une forme de soumission forcée. Chez d’autres, l’agressivité est totalement dissimulée, dans ce cas on se rapproche d’une forme de perversité.
Plus on a été dans notre enfance encouragé dans l’inhibition, plus on risque d’adopter à l’âge adulte des comportements passifs-agressifs. "Des parents qui ne respectent pas l’individualité de l’enfant risquent d’inhiber chez lui son agressivité et de l’empêcher par la suite d’avoir recours à l’agressivité quand il en aurait besoin pour pouvoir s’affirmer pour poser des limites." Par exemple, des parents qui disqualifient les émotions de leur enfant, qui se moquent de lui, qui usent de vexations, qui sont tantôt doux et affectueux tantôt dur et cruels, qui prétendent mieux savoir que l’enfant ce qui est bon pour lui…
L’enfant a toujours tendance à se conformer aux adultes, mais aussi à se cacher. Cela que le célèbre psychanalyste Donald Winnicott appelle le faux self : l’enfant va donner l’image que les parents attendent de lui et cacher ses sentiments et ses pensées. "Parfois, le faux self a pris tellement de place que l’adulte ne sait même plus quels sont ses propres désirs : de quoi il a besoin, de quoi il a envie, qu’est-ce qui lui plairait…"
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