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Résidence alternée : a-t-on raison de la privilégier ?

Un article rédigé par Vincent Belotti - RCF, le 15 novembre 2024 - Modifié le 15 novembre 2024
Je pense donc j'agisGarde alternée : a-t-on raison de la privilégier ?

Vivre chez papa et chez maman. c'est le principe de la résidence alternée. Légalisée en France en 2002, elle concerne aujourd'hui 12 % des enfants après une séparation. Mais est-ce une solution "miracle" pour apaiser les tensions et garder un lien durable avec les deux parents ? Comment la décider ? Quels avantages et quelles limites ? Décryptage avec Sébastien Dupont, psychologue, Nassira Feghoul, fondatrice de l'association d'accompagnement "Equilibre" et Catherine Guinle, médiatrice familiale.

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Résidence alternée, qu’est-ce qu’on entend précisément par là ? Comme son nom l’indique, rappelle Sébastien Dupont, "C'est un mode d’organisation qui consiste à établir la résidence d’un enfant aux domiciles de ses deux parents séparés, à la différence du système classique qui attribue la résidence habituelle à un seul parent et un droit de visite et d’hébergement à l’autre." Mais contrairement à une idée reçue, ce n’est pas forcément un temps égalitaire. Si le fameux « Une semaine chez maman et une semaine chez papa est choisi à 89 % des cas, "elle peut être à 30 % chez l’un, 70 % chez l’autre", précise le psychologue, voire même d’une année sur l’autre, "ce qui reste toutefois exceptionnel" comme le souligne Catherine Guinle.

Car qui la décide ? Elle peut être informelle, mais préparée  en médiation, au moment de la séparation, en tenant compte de plusieurs critères : l ’âge de l’enfant, "le plus fréquemment entre 6 et 14 ans" confirme Sébastien Dupont, la proximité géographique entre les deux logements et du lieu où les enfants vont à l’école. "Dans l’idéal une demi-heure de distance", estime la médiatrice, "mais il faut tenir aussi compte des horaires de travail des parents, pour pouvoir au fond discuter d’une organisation cousue main." Une condition de base : que la communication entre les deux ex conjoints reste suffisamment fluide pour pouvoir échanger des informations sur le quotidien de l’enfant, comme les rendez-vous médicaux, les sorties extra scolaires ou les anniversaires de camarade d’école.

Des effets positifs 

Quels effets sur les enfants ? Plutôt positif, selon les études mises en avant par Sébastien Dupont. "Les enfants en résidence alternée présentent un niveau de bien-être significativement supérieur aux enfants de parents séparés qui vivent principalement ou exclusivement chez un seul parent." a- t-il ainsi constaté. Parmi les avantages évoqués, l'occasion d’atténuer le conflit de loyauté qui pourrait déchirer un enfant à choisir entre ses deux parents. Surtout, une façon de maintenir un lien satisfaisant avec les deux parents, notamment avec la mère. "Cela peut paraître contre intuitif", souligne le formateur en thérapie familiale, "Mais beaucoup de mères en garde exclusive peuvent être débordées et l’enfant en être affecté." Or, un parent qui va bien, c’est un enfant qui va bien.

La résidence alternée, une façon aussi pour les pères de créer un lien durable avec l’enfant. Ce qui est moins le cas en garde exclusive où ces relations disparaissent souvent au bout d’un an. Une manière aussi pour les papas parfois peu présents avant la séparation de se confronter au quotidien et de se découvrir de nouvelles compétences. "J’ai souvent eu des témoignages de mères qui disent, avec la résidence alternée, j’ai l’impression d’avoir rendu un père à mon enfant et le père qu’il est devenu, j’aurai bien aimé vivre avec !" s'amuse Sébastien Dupont. Enfin, dernier avantage : pouvoir souffler d’une semaine à l’autre sans enfants, ce qui permet d’avoir une vie sociale et professionnelle plus épanouie pour les deux ex-conjoints.

Et des conséquences plus négatives

 La résidence alternée, solution donc miracle après une séparation ? Pas toujours. Et les auditeurs en témoignent, comme Jean-Marc qui dénonce la rigidité du système. "Ma fille passait devant chez moi en rentrant de l’école et n’avait pas le droit de venir, même 5 minutes, me dire bonjour !" Ou encore Eva, à qui le juge a imposé cette organisation sur demande de son ex-mari, très souvent absent avant pour raisons professionnelles "Ce qui a été violent car mes enfants étaient habitués avec moi à un certain cadre et stabilité." Et Nassira Feghoul de citer aussi le cas d’Anna,13 ans, qui a refusé une résidence alternée "quand elle s’est aperçue que c’était pour son père l’occasion d’avoir des avantages financiers, part fiscale et allocations familiales."

 Difficultés à trouver deux logements suffisamment vastes, fatigue pour un enfant de passer d’un lieu à l’autre, mais aussi manque de temps pour les juges d’apprécier la situation, autant d’obstacles qui freinent le développement de ce principe en France. En septembre dernier, un rapport parlementaire préconisait pourtant de la proposer systématiquement en cas de séparation. Une mesure à laquelle s’est opposée la nouvelle ministre de la Famille, Agnès Canayer. En attendant, si les parents décident, "il reste essentiel d’entendre aussi la voix de l’enfant, en médiation, mais aussi dans des groupes de parole qui peuvent être proposés." rappelle Catherine Guinle. Histoire de continuer à avancer ensemble, même séparément.

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