S'aimer en couple pour la vie est-ce encore possible?

"Hécatombe". Le terme ouvre l'ouvrage de Denis Moreau sur le mariage, "Pour la vie? Court traité du mariage et des séparations" (éd. Seuil, 2014). Un livre dans lequel le philosophe essaie de comprendre comment ce lien autrefois solide s'est à ce point fragilisé dans nos sociétés modernes. Un essai pour penser ce qu'est le mariage aujourd'hui.
 

MARIAGES D'AMOUR ET SALONS DU DIVORCE

Denis Moreau identifie un faisceau de causes lié à nos modes de vie modernes. Le passage du mariage "de raison" au mariage d'amour peut entraîner une dissolution du lien lors de la disparition du "sentiment amoureux". Mais aussi en cause, l'allongement de la durée de vie, la montée de l'individualisme ou la généralisation du travail des femmes leur conférant une indépendance nouvelle.

Surtout, le philosophe dénonce le cynisme de nos sociétés devenues marchandes "avant tout". Cette "hécatombe", comme il l'appelle, prospère sur une société devenue "entièrement marchande" où "tout est instrumentalisé" pour en tirer profit. "Le marché de cette hécatombe profite à certains, il existe aujourd'hui un salon du divorce."

 

"Le mariage c'est changer ensemble pour avancer de concert, on se redit oui tous les jours" 

 

POURQUOI IL NE FAUT PAS ABANDONNER LE MARIAGE

Le mariage est pourtant une forme de vie intéressante, selon Denis Moreau qu'il convient de ne pas balayer trop vite comme une idée "dépassée". La tradition nous livre cette forme de vie qui mérite qu'on se penche un peu sur la question : en quoi cet état est-il bon pour l'être humain?

Le mariage d'amour est un état équilibrant qu'il est bon d'essayer de faire durer dans le temps. Cet amour qui dure est le résultat d' une construction jour après jour et non d'un état de fait acquis au jour du mariage. Il y a une dimension volontariste dans le mariage au prix d'un effort pour mener à bien un projet commun de construction. 

"Le mariage c'est changer ensemble pour avancer de concert, on se redit oui tous les jours." Comme le dit Denis Moreau, c'est un acte social où l'on s'engage à faire durer cet état d'amour par une volonté commune de construction. Le cœur de l'homme est habité par ce désir d'infini et d'absolu, mais c'est une illusion de penser que l'autre viendra combler entièrement un manque. Chacun est responsable de l'autre pour avancer.