Sandrine Broutin de la Fondation Falret nous parle du poids des idées reçues autour de la santé mentale.
Folie ordinaire, agir pour notre santé mentale, une chronique à écouter chaque lundi sur RCF.
Les idées reçues, on en a sur tous les sujets. Mais alors dans le champ de la santé mentale, les croyances sont particulièrement nombreuses et malheureusement négatives pour la plupart ; elles génèrent du rejet, 23 % des adultes disent avoir subi des moqueries ou des insultes en raison de leur fragilité psychique ; et c’est probablement plus chez les jeunes. Cette forme d’exclusion est révélatrice d’une stigmatisation forte de ces personnes, d’ailleurs en France, une sur deux pensent qu’elles sont mises à l’écart au sein de la société, à cause de leur maladie.
Il y a cette croyance que les personnes ayant un trouble psychique sont dangereuses. C’est très ancré dans notre imaginaire collectif. En peinture comme dans les films, il y a une vraie fascination avec des visions très fantasmées, elles sont plus spectaculaires que fidèles à la réalité ! Et le traitement médiatique est plus souvent dans le registre du fait divers que de la vulgarisation scientifique. D’ailleurs, les études montrent que les médias jouent un rôle majeur dans la stigmatisation pour un tiers des Français tout de même. Et c’est comme ça qu’il y a encore 41 % des Français qui associent la fragilité psychique à la dangerosité pour les autres et 56 % qui pensent que ces personnes sont imprévisibles.
Ce sont les personnes dites « normales » qui commettent majoritairement des actes de violence ! Différentes études ont montré que les personnes avec un trouble psychique sont peu à l’origine d’actes de violence, les taux varient de 2,7 % à moins de 10 %. Par contre, elles sont exposées à un risque d’être victime d’actes violents qui est nettement plus élevé que pour la population générale.
Avec de telles représentations, on peut aisément comprendre que certaines personnes dissimulent leurs fragilités. Car il y a en plus une peur de l’hospitalisation sous contrainte qui est très présente et évidemment dissuasive. Le spectre de l’enfermement est toujours très vivace et l’hôpital psychiatrique marque les personnes d’un stigmate supplémentaire. On pense : il est chez les fous, c’est grave ! Or l’hospitalisation peut s’avérer nécessaire mais elle est rare et les soins se déroulent généralement chez des professionnels de santé en ville.
Là aussi, il y a des blocages. Avoir des problèmes de santé mentale peut arriver à tout le monde et pourtant, c’est difficile d’exprimer ses difficultés.
Les gens ont peur d’être considérés comme faibles. Or nous sommes tous vulnérables face aux blessures physiques et psychiques. C’est dans notre nature la fragilité ! C’est notre condition d’être vivant. Je trouve que la formule de Barack Obama pour rappeler que nous sommes des êtres humains et pas des super héros est simple, et hyper efficace : « si tu te casses la jambe, tu vas voir un médecin pour te guérir. Si quelque chose à l’intérieur de toi est blessé, c’est comme une blessure physique. Tu dois te faire aider. Ce n’est pas un signe de faiblesse. C’est de la force ».
Une chronique en partenariat avec la Fondation Falret, une fondation reconnue d'utilité publique, fondée en 1841 par le psychiatre français Jean-Pierre Falret; elle accompagne des personnes souffrant de troubles psychiques et/ou en difficultés psychosociales afin qu’elles trouvent leur place dans la société et exercent pleinement leur citoyenneté.
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