Avec l’été, on entend beaucoup parler de summer body, de body shaming ou de body positive. Des mots qui peuvent laisser perplexe. Les femmes sont les premières victimes de ces phénomènes sociaux, surtout les plus jeunes mais qui n’épargnent pas non plus les garçons. Sandrine Broutin de la Fondation Falret nous parle des injonctions à la beauté qui malmènent notre santé mentale.
Le body shaming, c’est le fait de se moquer et d’humilier le corps des personnes qui sont en photo sur des réseaux sociaux par exemple. Cela peut donner lieu à un déferlement de commentaires haineux et méprisants. De nombreuses personnes subissent ces attaques sur leur physique, en particulier les 18-34 ans qui sont de grands utilisateurs des réseaux sociaux. Pour les victimes de ces commentaires, cela peut être véritablement traumatisant. Cela porte atteinte à leur estime d’elles-mêmes, cela fait naître ou accentue leurs complexes avec toutes les phases de doute et d’angoisse terribles qui s’ensuivent.
Twitter, Instagram, Facebook, TikTok, tous ces réseaux sociaux donnent un impact démesuré aux injonctions à la beauté de notre société et même, ils véhiculent des normes esthétiques caricaturales plus élevées encore que dans les médias traditionnels comme la presse féminine. La diffusion quotidienne de ces corps présentés comme idéaux, qui sont standardisés à l’aide de filtres, de retouches et de prises de vue flatteuses met le public dans une relation difficile avec l’image qu’il a de lui-même et cela nourrit évidemment des complexes. De plus, sur ces réseaux, la beauté est sans cesse évaluée, jaugée en direct et il n’y a de surcroit plus vraiment de place pour la diversité. Heureusement, il existe une autre tendance, celle du body positive, et celle-ci repose sur le principe de l'acceptation de soi ; elle prône la fierté d’être unique et différent.
Plus de six femmes sur dix se disent complexées. Les hommes ne sont pas à l’abri des complexes non plus. Eux aussi subissent des injonctions et en pâtissent. D’ailleurs, le nombre d’hommes et de jeunes adolescents souffrant de troubles alimentaires est en augmentation. Pour eux comme pour les femmes, les complexes peuvent parfois devenir trop lourds à porter et prendre de plus en plus de place dans la vie. Quand le corps devient un objet de honte intense, de peur et de rejet, on parle de dysmorphophobie. 1 à 2% de la population en souffre ; cela se déclenche souvent à la puberté ou plus tard. La personne nourrit une obsession excessive et envahissante pour certains aspects de son corps, des défauts mineurs voir parfois même imaginaires. Son regard est biaisé ; il déforme le reflet de son corps ou de son visage. Mais si la perception est totalement faussée, la souffrance générée est bien réelle et invalidante.
La personne se sent anormale et elle est totalement insécurisée, elle a besoin d’être constamment rassurée. Elle peut avoir un recours excessif à des chirurgies esthétiques. Elle est submergée de pensées négatives, voire dépressives ; elle se replie sur elle-même et se coupe des autres, même de sa vie professionnelle. Cela affecte totalement sa vie quotidienne.
Une aide est nécessaire. Il faut en parler avec son médecin. Celui-ci pourra orienter vers des spécialistes car il existe différentes thérapies pour surmonter ce trouble bien plus complexe qu’on ne le pense ; le processus de rétablissement est long. Et la chirurgie esthétique ne sera pas une réponse satisfaisante ; elle peut-être au mieux temporaire.
Ressources :
> Troubles des conduites alimentaires (TCA)
Une chronique en partenariat avec la Fondation Falret, une fondation reconnue d'utilité publique, fondée en 1841 par le psychiatre français Jean-Pierre Falret; elle accompagne des personnes souffrant de troubles psychiques et/ou en difficultés psychosociales afin qu’elles trouvent leur place dans la société et exercent pleinement leur citoyenneté.
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