Gérer ses rendez-vous professionnels, mais aussi la visite chez le pédiatre, le réfrigérateur à remplir ou les piles de repassage, un quotidien qui peut vite conduire à une forme d’épuisement. Le cas encore des mamans. Une sur trois se déclarerait aujourd’hui "au bout du rouleau", d’après un sondage IFOP en 2022. Alors pourquoi cette pression, comment la reconnaitre et y faire face ? Décryptage de Marie Costa, coach parental, auteure de «"Parents, pardonnez-vous" et Nathalie, maman de trois enfants, qui a vécu cette situation.
Au départ était la charge mentale. Bien connue aujourd’hui, c’est ce sentiment obsédant de penser "ce qu’il faut faire, ce qui reste à faire et ce qu’on n’aura jamais le temps de faire." explique Marie Costa. Un bouillonnement permanent que portent encore les femmes, par reste de tradition, mais aussi renforcé par le travail à mi-temps, les familles mono parentales ou recomposées. Sans oublier ce "syndrome de la femme parfaite", qui se veut efficace sur tous les fronts. Une image de Wonder Woman encore véhiculée sur les réseaux sociaux. Et enfin la difficulté à déléguer, en estimant que tout sera plus vite et mieux fait soi-même.
Cette situation, Nathalie l’a bien connue. Il y a 23 ans, cette cadre d’entreprise devient maman d’un premier garçon. Mais tout se dégrade à l’arrivée de ses deux jumeaux. "Une naissance pourtant accueillie avec euphorie ! " souligne-t-elle. Sauf qu’à la reprise de son travail, qui "compte beaucoup pour elle", entre ses nombreux déplacements, l’attention portée à ses enfants, les difficultés professionnelles de son mari restaurateur, la vie devient vite un enfer. "Quand j’étais au travail, j’étais à fond, quand j’étais avec mes enfants, j’étais aussi à fond. Et il y avait toute une série de tâches sur mon agenda qu’il fallait honorer."
Manque de sommeil, fatigue permanente, irritabilité, maux de tête, tensions musculaires, autant de signes qui peuvent traduire et alerter sur le début d’un burn-out parental. "On se sent vidé, plus d’énergie et intolérant aux frustrations." commente Marie Costa. Pour Nathalie, cet état d’épuisement s’est également accompagné d’eczéma. "J’en étais couverte sur le dos des mains, signe peut-être de culpabilité." confesse-t-elle. Autre symptôme : une sorte de détachement émotionnel, qui rend insensible à ses enfants ou ses conjoints. Pour sa part, Nathalie se rappelle "des rires de ses enfants qu’elle ne supportait plus en voiture en les ramenant à la maison."
Et le conjoint dans tout ça ? Si aujourd’hui, les hommes s’investissent plus dans les tâches familiales, "ils sont encore trop dans l’attente d'un ordre que dans la prise de décisions." résume la coach parental. Autrement dit, débarrasser la table, mais ne prendre aucune initiative sur les menus. Ce qu’illustre parfaitement "Fallait demander", la BD de la bloggeuse Emma sortie en 2017. "Il faut donc vraiment partager les commandes en deux !" souligne Marie Costa. Et Nathalie de confirmer que ce qui l’a vraiment permis de sortir de ce début de dépression, c’est que son mari , d’un commun accord, abandonne son activité de restaurateur pour s’occuper du foyer.
Que faire donc pour remonter la pente ? "D’abord , conseille Marie Costa, ne pas hésiter à demander de l’aide, amis, voisins, grands-parents pour prendre en charge une partie des tâches." Ensuite, "Faire une "Donne liste", c’est-à-dire une liste de l’heure à laquelle je fais ça et le temps que j’y passe. Afficher ensuite ce listing et demander à son entourage qui prend quoi et qui fait quoi. » Une manière d’établir concrètement une répartition plutôt que de s’épuiser à râler. Enfin, prendre du temps pour soi et surtout l’anticiper "Noter clairement dans son agenda les moments qu’on se réserve pour souffler, avec votre nom et un petit cœur, comme un vrai rendez-vous, où l’on saura dire non aux autres sollicitations."
Prendre du temps pour soi. Pour Nathalie, ce sont surtout des "micro-siestes" qui lui ont permis de tenir. Une habitude qu’elle a d’ailleurs conservée. "J’ai aussi appris à lâcher du lest, à arrêter ce perfectionnisme." De son côté, son mari n’a jamais regretté d’avoir quitté son travail . "Cela a a été pour lui une époque formidable d’avoir pu voir grandir ses enfants." estime-t-elle. Des enfants qui sont aussi devenus plus vite autonomes, "Même si je culpabilisais d’en demander beaucoup à l’aîné."
Une période difficile qui a permis aujourd’hui de resserrer les liens. "On a vraiment plaisir de se retrouver ensemble." comme ce séjour prévu de quatre jours dans un gîte en Lozère. "Des moments rares, mais précieux." Une manière de rattraper le temps autrefois perdu ... à s’épuiser !
Pour aller plus loin:
"Parents, pardonnez-vous ...et vivez heureux" Marie Costa, coach parental - M+ Editions
"Le burn out Parental: 100 questions /réponses" par Elise Lecornet, sophrologue et Corinne Melot, psychologue. Editions Ellipses
"Le burn out parental: l'éviter et s'en sortir" par Moïra Mikolajczak et Isabelle Roskam, docteures en psychologie. Editions Odile Jacob
"La charge mentale des femmes...Et celle des hommes" Dr Aurélia Schneider,médecin psychiatre. Editions Larousse Poche
Et pour sensibiliser les enfants au burn-out de leurs parents "La Petite goutte d'eau qui s'en voulait d'avoir fait déborder le vase" par Adrien Chignard, psychologue spécialisé avec des illustrations de Vainu de Castelbajac. Editions Fayard Jeunesse
Accompagner les parents dans leur quotidien de manière pratique et décomplexée, c’est l’objectif de ce nouveau magazine. Chaque semaine, des clés et des pistes concrètes sont proposées pour guider et faciliter les relations parent/enfant grâce à des témoignages, des réponses d’experts, des bons plans... et de l’humour.
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