Ces dernières années, le stress est au centre de nos préoccupations et paraît être le mal de notre siècle. Pourquoi le stress nous affecte-t-il autant ? Comment reprendre le contrôle sur lui ? Le médecin psychiatre Charly Cungi, auteur de l'ouvrage "Savoir gérer son stress en toutes circonstances" (éd. Retz), répond à ces questions.
"Le stress c’est la vie", affirme le Docteur Charly Cungi, spécialiste reconnu des thérapies comportementales et cognitives (TTC). Une entrée en matière qui ferait rire jaune les anxieux maladifs. Pourtant, c’est scientifiquement prouvé : le stress est un mécanisme naturel et commun à tous les animaux. "Ça correspond à la réaction inconditionnelle à toute réaction intérieur ou extérieur... Dans les cas extrêmes ça sert à se sauver la vie", explique le psychiatre. Pour réagir à cette situation stressante, comme une souris réagirait devant un chat, le cerveau et le corps vont s’adapter à un certain effort pour pouvoir fuir ou combattre. "Le cœur va battre beaucoup plus vite pour envoyer beaucoup plus de sang au niveau des muscles qui seront capables de faire un effort bref et intense", précise-t-il.
De nos jours, les facteurs de stress, appelés "stresseurs", sont particulièrement nombreux et nouveaux par rapport aux décennies précédentes. "On a des surstimulations qui font qu’il y a une quantité d’informations à traiter qui est ingérable et ça change tout le temps", estime le psychiatre. S’ajoutent à cela des changements d’habitudes qui ajoutent du stress avec les divorces ou l’éducation des enfants pour laquelle les parents se remettent beaucoup plus en question qu’avant. Le bruit et la pollution de l’air constituent également des facteurs de stress. Mais ce dont se plaignent le plus les patients du docteur Cungi, "ça tourne autour des problèmes professionnels, jusqu’au harcèlement. Ce sont souvent des stresseurs relationnels d’ailleurs avec la hiérarchie ou les collègues".
Bien qu’il puisse entraîner une dépression sur le long terme et aggraver toute sorte de pathologie, le stress est au départ positif. "Il n’y a pas de courage sans anxiété", affirme le spécialiste des TTC. Pour lui, nous apprenons de nos échecs, comme un enfant qui apprend à marcher, tombe et se relève jusqu’à savoir marcher. "Si je sais négocier avec mes erreurs et mes échecs, je peux en faire quelque chose de positif, ça s’appelle la résilience", ajoute-t-il. Pour cela, il faut réguler ses émotions pour "augmenter sa zone de confort".
Puisque ce sont les émotions qui commandent lorsque le stress se manifeste, il faut donc en reprendre le contrôle. Le secret pour gérer son stress, c’est de rester calme, car cela permet de "récupérer son cerveau et son savoir-faire" pour pouvoir agir justement. Une attitude qui demande un peu d’entraînement mais permet "d’étendre sa zone de confort » au fur et à mesure.
Adopter une attitude calme a un autre intérêt. En plus d’être contagieux auprès des autres qui nous entourent, le calme recharge les batteries. "S’il n’y a pas de temps de récupération suffisant, on a intérêt à fonctionner en mode hybride, il faut se recharger en roulant, lance le psychiatre, c’est-à-dire qu’il faut se reposer en travaillant et en s’activant". Lever le pied en somme pour ne pas se faire engloutir par le temps qui passe inexorablement.
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